dimanche 10 janvier 2010

The Educatoooor ou la démocratie linéaire

Ça y’est ! Il est temps de revêtir une cape écarlate, un unitard de lycra carmin, de pointer ma main droite vers le ciel et de serrer le poing gauche à ma taille et de m’élancer dans un discours haineux sur les files d’attentes.

Va falloir distribuer des gifles, des coups de pied au derrière et des soufflets par milliers.
Je n’y arriverai pas seule. Calmez-vous Shirley, c’est une catastrophe !

La file d’attente n’est plus ce qu’elle était et pourtant je ne parle pas de celle par qui l’espoir d’un bout de pain sec arrive en temps de crise, non, beaucoup plus simple que cela.

Je parle de la file d’attente dans la toilette des femmes, savez comme une petite ligne trépignante, qui saute d’un pied à l’autre, qui serre les fesses, qui mord sa lèvre du bas, qui lève les yeux au ciel pour rester concentrée, qui parle toute seule comme un mantra et qui tout a coup se fait moins linéaire lorsqu’une effrontée passe devant et prend sournoisement la place d’une vieille dame dont les sphincters sont moins solide et la rapidité à se rendre au cabinet moins fulgurante. Y’a de la grogne dans l’air, ça n’en revient pas, ça se peux-tu, c’est t’y possible mais la seule voix qui s’élève c’est la mienne : « Hey ! Enwoye en arrière de la file, attend comme tout le monde ! »

J’évoquerai aussi les populaces en panique que l’on a mise en rang face à un microbe virulent dans les derniers mois et qui, presque toujours docilement, a fait face au combat en attendant d’interminables heures pour finir par se faire trouer le bras et repartir l’âme en paix. Sauf que les fameuses heures interminables, paraitrait qu’il y en a qui ne supportent pas ça, qu’ils ont autre chose à faire que d’attendre, que leur rejeton bénéficiera des armes pour se battre avant tout le monde, que leur damoiselle qui se croit Femme de Rêve mérite une attention toute autre que les celle donnée aux gueux et qu’après avoir admis leur faute se permettent d’en rire. En public. À la TV.Payé avec nos taxes. Moi j’ai crier qu’on lui lime les dents, qu’on l’écartèle, qu’on lui injecte du Botox sur le nez, what ever it is, The Educatoooor dit : « Le virus, il attaque tout le monde égal, pas toi plus qu’un autre, enwoye en arrière de la file, attend comme tout le monde ! »

Pourquoi ne pas me rafraichir une mémoire pas si lointaine d’un 31 Décembre où le dessein de danser jusqu’au lever du soleil me ravissait déjà. Une immense queue de fêtards intoxiqués de joies et de drogues piétine de froid en attendant d’entrer dans le temple du gros fun noir mais l’organisation chavire depuis un bon moment et le troupeau commence à s’impatienter. Deux ou trois gorilles essaieront en vain de faire faire un bel alignement discipliné aux fêtards mais trois fanfaronnes passeront le plus clair de leur temps à essayer de faire des gentillesses au monsieur pan de mur qui bloque la porte, à faire de micro pas vers l’avant, sur le côté, se mettre chum avec de purs inconnus ayant pour seul attrait leur situation géographique, pour finir par ne plus donner dans la discrétion jusqu’à ce que l’écho d’une voix caverneuse venue des tréfonds de mon âme se fasse entendre.
« S’cusez les filles, faudrait quand même pas exagérer, pourriez vous reprendre votre place initiale, on a tous payé l’entrée de ce party un montant absurde, il fait moins dix-sept pour la province au complet, ça n’ira pas plus vite si vous poussez. » La vague de haine qui m’a envahie suite à la réplique de la poufiasse au cerveau plein d’engelures fut tout de même productive; quand elle m’a regardée et m’a dit : « Je vais quand même pas passer le décompte dehors à me geler le cul !!! » je lui ai gentiment répondu « Vaut mieux ça que de le passer à l’urgence avec huit dents en moins, Enwoye en arrière de la file, attend comme tout le monde !! ».

Que dire d’une charmante récipiendaire d’Oscar qui va, au bras de son bel Adonis de papier glacé, passer devant une série de vacanciers tous plus dégoutés les uns que les autres devant l’expectative des cinq heures passées derrière des petits cordons en forme de chemins, sous prétexte d’avoir un enfant ( … ). Les aéroports sont le théâtre de telles ratoureries line-up-éennes qu’il m’est difficile d’expliquer combien les gens sont en général abrutis et soumis.
Oh un policier les escortes ! Oh des gens célèbres ! Oh ils passsent devant tout le monde et n’attendent pas ! Oh ! Ok , on ne dira mot !Oh ! On reste cois et on maugrée entre nos dents et on prend à témoins nos nouveaux amis de file !
Paraitrait que les journaux sérieux et potineurs se sont permis de dire tout haut ce que grommelaient les passagers outrés tout bas et le gentil monsieur en uniforme qui s’est laissé gonflé l’égo par les flatteries est dorénavant la risée de ses collègues. Si au moins il avait dit :
« Enwoyez en arrière de la file, attendez comme tout le monde ! » en anglais.
Oh well, The Educatoooor ne peux pas être partout …

Comment ils dorment dites-moi ? Comment on se sent quand mille paires d’yeux vous regardent et vous détestent en même temps ? Pourquoi suis-je toujours la seule à pousser de hauts hurlements pour mon droit à la chronologie des évènements ? Son tour, mon tour, ton tour ! Quelle est le nom du chromosome si rare qui les rend si uniques et qui leur donne tous les droits, y compris celui de laisser une mémé se pisser dessus ? Pourquoi personne ne dit rien ?

The Educatooor vote pour qu’on rétablisse la pratique du goudron et des plumes et qu’on l’inflige à tous les pressés-importants de ce monde qui n’ont pas encore compris les lois du premier arrivé, premier servi et de la démocratie linéaire!
Get in line for freakin'Christ sake !!!

12 commentaires:

Sara a dit…

Je seconde.

3 ans en Afrique leur a donné un nom à ces 'passeux': ce sont des grands boubous. Et plus le boubou shine, plus le passeux se croient au-dessus des foules.

La Shirley a dit…

@Sara: J'ai même pas osé parlé de Shangai parce que je me serais répendue en long et en large ...

Paco a dit…

Le gêne de la spécialité, ça s'appelle le nombrilisme: ma souffrance est pire que celle des autres...

vanessa a dit…

tu sais, on pourrait les pendre par les pieds comme ca un peu de sang pourrait irriguer leurs cerveaux sous utilisés !

Anonyme a dit…

T'en as oublié un :

http://www2.canoe.com/divertissement/celebrites/nouvelles/2010/01/11/12416481-jdm.html

Je sais pas si mon lien fonctionne, mais à Dorval, une douanière à fait passer Gildor Roy devant tout le monde...quelques jours seulement après l'épisode Halle Berry.

Épaisse.

Vicketteu

La Shirley a dit…

Je vais oser dire un truc qui va presqu'à l'encontre de ce que j'ai énoncé dans mon post mais ...je dis ça de même, on jase là ...
Les stars connues de tous et toutes, dans une file, mettons que soudainement, tout le monde leur parle, veulent prendre des photos,content leur vie en s'imaginant que c'est follement interressant,te tape dans le dos,veulent que tu conte des jokes, que tu fasses un show etc, et tout ça parcequ'ils apparaissent dans un carré noir de leur salon une fois par semaine.Pour l'avoir vécu de près en travaillant avec des "grosses" vedettes Amaricaines, c'est horrible et très très envahissant.De ce point de vue là, éviter une cohue parce que la Védette crie à l'aide, je me fais achaler!et passer pour un sal qui n'aime pas le monde, ou passeer devant devant tout le monde et éviter la cohue mais avoir l'air d'un opportuniste, j'avoues que mon coeur balance ...
Ceci dit, ça fait chier anyway ...
J'ai pas de solution malheureusement ...pas très constructif mon truc finalement.

Anonyme a dit…

Ouin ok, je comprends ton ambivalence, mais sans paraître réductrice, perso je fais une différence entre une méga-star (genre Halle, Céééline, Madonna) et un animateur du QC.

Ces gens-là vont bin au resto, faire l'épicerie, à la clinique ?

Quand je vais à L'Express ou au Conti, j'en vois toujours 3-4 ''vedettes'' québécoises minimum, et elles sont respectées, tranquilles etc. Fac la file, pourquoi pas ?

J'pourrais aussi tomber dans le '' ah bin, t'as voulu être une védette mon chum ! Suck it !''

Mais je sais très bien qu'il y a probablement du Québec profond achalant qui vire de d'ssour quand il voit une personne connue. Pis ça, ça me fait rire, mais bon, c'est un autre débat !

Vicketteu

La Shirley a dit…

@Vicketteu: Au petit Conti et à l'express les gens sont bien élevés en général... J'ai déjà vu Brathwaitt se faire hurler dans les oreilles par un passant qui s'est mis à 2 pouces de sa face, dans un Réno-Dépot, pour lui dire "c'est chaud,c'est chaud, c'est chaud!!!" dans le temps de Piment fort, il en est venu les larmes plein les yeux ... Le Québec profond c'est pas fort je te jure, ça passe même pas ses propre test d'immigration pour la plupart ... Que ce soit n'importe qui, c'est nul et y'a pas de contrat qui dit qu'en échange de $$$ les gens peuvent entrer dans ta bulle de façon importune ou carrément agressive ... mais bon, effectivement, on pourrait débattre sur le sujet longtemps .

Anonyme a dit…

Ah ben là pour ce qui est de respecter la bulle et la dignité, je ne peux qu'être d'accord.

Vicketteu

tchendoh a dit…

J'ai pogné Gildor à son émission du matin pis il a rien demandé. Quand une fille des douanes te dit "viens-t-en icitte", t'obéis pis that's it.

La Shirley a dit…

Pis si y'en a un proche du monde, c'est ben lui, y'en a en esti des matantes qui lui pincent les joues à lui ! Sauf qu'il a pas attendu ...pfffffffff on s'en sort pas !

Anonyme a dit…

@ tchen
L'article que j'ai linké racontait exactement ça. Le pourquoi j'ai terminé mon commentaire en disant ''épaisse'' et non ''épais''

Vick