mercredi 28 mars 2012

Souvenirs hivernaux

En cette jolie matinée grise enroulée dans un voile de neige lourde et humide, me remonte un souvenir, des souvenirs blancs et froids mais si chaleureux que j’ai envie de vous en faire part.


1999, mon Mister fils a 9 ans et vit sa quatrième année d’école comme un long chemin de croix. La seule chose qui le réjouit c’est les arts plastiques. Non … deux choses ! Il y a tout ce qui s’appelle activités parascolaires aussi ! Une en particulier fut mémorable. La confection de biscuits à vendre dans le but de ramasser des fonds pour une fin de semaine à Québec qui se déroulerait comme suit : visite du Parlement et activités hivernales dans une Base de plein air non loin de la Capitale.

La confection de biscuits ? No problemo, Tiku et moi sommes passés maitres dans l’art de la biscuiterie à la chaine et comme c’est l’hiver, j’ai plein de temps puisqu’au chômage pour aller aider à la vente des petites douceurs qui gonfleront les coffres pour l’aventure en vue. Allez hop, trop facile , on s’y met ! Ce que nous fîmes avec succès, en plus de vendre la totalité de notre butin à fort prix dans le but d’aider un peu ceux et celles dont les parents ne participaient pas et qui se mourraient d’aller faire la visite-activité-congé de parents eux aussi ! Un beau pot-luck communiste ! 

Une fois les cookies cuisinés, vendus et mangés, les bénéfices entassés dans un compte de banque, fallait bien y arriver, le jour J se pointait plutôt vite. Par un bel après-midi, tous les parents ont reçu une note de la charmante Julie, prof de 4ème année, qui demandait si certains d’entre nous seraient willing de faire du bénévolat durant l’escapade de 2 jours. Moi, Shirley Première du Québec, complètement ravie, cria à qui voulait bien l’entendre que j’irais avec plaisir, signa le dit papier et faisait une ronde gaillarde dans la cuisine avec mon Tiku qui ne savait pas exactement si il était content ou pas … Sa mère n’est pas tellement comme les autres, aillait-t-elle lui  faire honte ? Pouvais-t-on lire dans ses yeux pleins d’incertitude. 

La nouvelle est tombée comme un couperet aiguisé sur l’enthousiasme de la belle Julie : J’étais le seul parent à avoir répondu par l’affirmative ! Deux classes de 35 Tikus chaque, 2 profs à la tête d’un troupeau de gnous affolés et surexcités lâchés lousses dans les rues pavées du vieux Québec, dans la cafétéria du camp de vacances et dans la plaine enneigée de celui-ci ! Elle était complètement traumatisée !!! Que va-t-il advenir de nous, pauvres professeurs sans défense et sans autorité devant ces clowns en liberté ? C’est ben cute qu’il y ait des moniteurs pour les activités mais rendus au soir, les ablutions de 70 morveux en vacance, la coordinations des chambres, des dodos, la remise à l’ordre de ceux et celles qui vont jaser toute la nuit déranger les plus calmes, ceux qui freake parce que c’est leur première sortie, les somnambules, les chicanes, l’autre qui fait de l’énurésie nocturne, celui qui a oublié son ritalin et  qui saute partout, ma foi, on s’en sortira pas !!! C’était mal connaitre l’Arché-Clown en Chef que j’ai surement été dans une vie antérieure, ça ou Colonel  Américain de la Première Guerre Mondiale, faudrait voir avec une tireuse de cartes … À trois, on devrait y arriver ! ON VA Y ARRIVER ! 

Tout a commencé le matin du départ, je dis tout parce que l’hyper actif TDA avec agressivité avait oublié son rithalin, le suspens était à son paroxysme à 7 heure am, une fois partis avec un lot de bagage comme si on s’en allait escalader le mont Everest pour 6 mois, le groupe duquel je faisais partie avait déjà commencer à se sur-crinquer et c’est là que mon butin de chansons idiotes a fait la job mais il y a une fin à tout et on allait pas recommencer à chanter Trois p’tits chats 25 fois en ligne, les tannants se sont tanné d’être sage et quand j’en ai chicanné un, il a vite dit à son pote à côté, en Créole, « Map chiré elle man ! » C’était ne pas me connaitre que de parler dans la langue de Wyclef en pensant que je n’y pigeait rien ! Je lui ai répondu :-« Se mwen menm ki pral chire ou apa si ou kenbe t'ap rele byen fò !!!! »  La nouvelle a fait le tour du bus en 4 nano-secondes : La Maman d’Émile elle parle créole yo !!! Bref … le statuquo était en place, on ne déconnait pas avec la Shirley ! 

En gros, j’ai fait le chien de troupeau, accompagné à l'hopital un ti-énervé qui s’est planté la face dans un poteau en courant dans la rue, fait taire les indisciplinés dans le Parlement, mouché des nezs, accompagnés aux toilettes, commandé des lunchs, fait des jokes niaiseuses, repousser les troupes dans le bus pour s’en aller au camp de vacance, aidé à enfiler des raquettes aux petites Vietnamiennes, mis des skis, prêté mes mitaines à ceux qui n’en avait pas, pris des photos, distribué des jus, des petits pains chauds, ris allègrement des vantards, aider les  « rejects » , flatter le dos des deux profs complètement dépassées, coordonnées les toilettes des filles, fait des nattes, démêlé des cheveux en fin de bataille avec des tuques, calmé les inquiets, rabroué les insupportables, dormi dans un lit trop petit pour moi, ramené les somnambules dans leurs lits, jappé des ordres militaires au petit matin venu, aidé au ré-empaquetage des valises, hurler de rire avec les moniteurs et donner un coup de pouce au chauffeur d’autobus qui n’en revenait pas du montant de baluchons. 

Retour au bercail après une ride qui ressemblait plus à une fin de tournée de Rock Star, un nombre incalculable de petites bêtes endormies la bouche ouverte, qui oublient  l’espace d’un instant d’être cool  parce que la nuit fut trop agitée, un débarquement en ville auprès d’une cohorte de parents inquiets mais qui malgré tout, en ont profité aussi, un dispatch final des pack-sac et enfin , un retour à la réalité bien mérité. J’ai fait de grandes accolades aux deux maitresses d’école qui n’ont fait que me remercier en essayant d’inventer des nouveaux quantitatifs à mettre à côté du mot MERCI. J’en ai profité pour récupérer le mien de rejeton qui me regardait d’un air contrit puisqu’on ne s’était presque pas vu, lui étant avec l’autre groupe, c’était surement mieux comme ça … On a quand même fait le tour de nos anecdotes une fois attablés devant un bon souper chez nous. Les parents du petit défiguré m’ont téléphoné pour me bénir d’avoir pris soins de leur morveux et m’ont envoyé une bouteille de vin, y’a encore du monde qui savent vivre que je me suis dit ! 

Une semaine plus tard, je reçois un téléphone de la prof Julie qui me demande de passer en classe dès que je le peux. Le jour même j’avais un trou dans mon agenda de chômeuse et je me suis pointée là sans savoir ce qui m’attendait. Les élèves des deux classes avaient fait une carte géante avec pleins de petits mots et de bricolages charmants pour me remercier d’avoir été là avec et pour eux. J’ai braillé comme une Madeleine, l’ai serrée contre mon cœur, je les ai tous bizoutés et depuis ce jour, à chaque grand ménage où je jette mes souvenirs de papiers dans la récup, la carte risque de prendre le bord. Un peu avant le premier Mars, jour de déménagement dans  ce qu’on appelle dorénavant la Maison Blanche (une tite fille de 4 ans qui me l’a sortie celle-là), j’ai mis la carte dans mon grand bac vert. Ça suffisait le ramassis de cossins inutiles ! Le 1er Mars de l’An de grâce 2012 à 6.30 hr am, je me suis garochée dans la rue et j’ai repris mon bien ! IN-CA-PA-BLE de laisser cette montagne d’amour-là dans les rebus !

Elle dort doucement dans une de mes milliers de boîtes de rangement en me ramenant toujours à la loi # 1 de la vie : Un cœur d’enfant c’est gros comme ça et c’est de ça que mes souvenirs hivernaux sont parfumés !




jeudi 8 mars 2012

Quand tout se place

La lumière est douce et soutenue, vue imprenable sur un poteau d’hydro et toutes ses jonctions, une petite plaque noire savamment placée pour ne pas me faire de la lumière toute la nuit, les corridors qui sentent fort le Lestoil, une madame de Gestion qui veut bien répondre à toutes mes questions de nouvelle propriétaire de condo, des planchers doux comme des fesses de bébé. Il fait bon dans mon nouveau palace tout de blanc vêtu …

Le sort semblait pourtant vouloir s’acharner un brin en me rajoutant des obstacles en forme d’intrusion médicale, en tempête de neige le jour J du déménagement, en rencontre forcée avec mes nouveaux voisins du dessous qui se sont retrouvés avec un dégât d’eau causé par la vibration des zambonis sableuses utilisées pour les fesses de bébé mentionné plus haut, en clé spéciale qui reste « djammée » dans la serrure du lobby et en ascenseur bloqué, bref, en moins d’une semaine j’ai fait connaissance avec la moitié du bloc et le concierge et le monsieur ascenseur Otis et la madame folle alcoolique du troisième ! Mais non, je n’ai pas craqué, oh j’ai bien envoyé un petit texto de détresse par un beau 2 Mars mais sans plus. Je me suis plaint sur Facebook à tous mes merveilleux amis réels et virtuels qui m’ont été d’un secours abyssal mais bon … pas de crise de nerfs de fille à boutte. Même avec un coeur en charpie.

Entre le début d’une certaine fin et le recommencement de quelque chose de neuf, il y a eu des adieux, des au revoir et pleins de rebondissements tous plus inattendus les uns que les autres. Y’a pas juste les meubles qui se placent. La vie aussi. Qui prend des tournures belles et réconfortantes, qui se pare de ses plus beaux atours et qui sent le renouveau ! Je suis une des rares blogueuse qui peut se vanter d’avoir tout ce qu’elle souhaite, d’être entourée comme pas une, d’avoir des vœux exaucés, que mes prières sont entendues (au nombre de Dieux que j’implore, ça aurait été weird que pas un seul ne m’entende) et qu’au volet besoin de base, tout est complet ! Je n’aurais pas cru ça il y a quelques semaines honnêtement !

J’avais mis le blâme de mes grandes peines sur le froid, la grisaille, j’avais surement raison puisque tout s’adoucie en même temps que la température, avec le soleil qui inonde mes murs blanc pur, en allégeant les couches de vêtements et en laissant le vent tiède se battre avec mes cheveux longs. Le printemps arrive messieurs dames ! Promis !

Le bonheur aussi !