samedi 6 février 2010

Un mois d'ébène


Le mois de l’histoire des Noirs est célébré en ce moment le plus froid de l’année, ironique si on se rappelle que tout a commencé sur un bout de planète où l’on peut faire cuire un œuf sur une roche, à l’ombre …

Mon histoire Noire à moi a commencé lorsque ma famille s’est retrouvée dans un party où les mecs d’un groupe baptisé Toubabou étaient de la partie et qu’ils avaient avec eux un invité de marque venu de loin dont je n’ai jamais su le nom, immense, noir comme la nuit, un afro géant et envoutant, qui tapait sur de grands congas des rythmes qui ne m’ont jamais quitté , j’avais 8 ans je crois …
Comme je dansais sans réfléchir, j’ai été bénie d’un sourire de mille dents blanches et de plein de belles attentions attendries. Beat Black. Check !

Mon histoire Noire s’est donc développée aussi le jour où ma Titemère a eu besoin d’aide pour nous torcher, nous ses deux morveuses de filles, puisqu’elle travaillait 200 heures semaines sans aide paternelle. Elle fit donc appel à Mme Joséphine Parfait, un être surnaturel, d’une gentillesse immensurable, qui chantait les plus laids cantiques au monde mais surement les plus sentis, qui maniait l’art du pain perdu et du médicament louche comme pas une, qui avait à cœur notre bien-être et notre hygiène et qui ne faisait confiance à aucun homme qui entrait chez nous. « C’est tous des vagabonds ! »
Une base de Créole solide s’est construite au fil des ans avec elle, ses sanglots dus à l’absence de sa fille restée en Haïti me gonflaient le cœur et son départ a fait un grand vide au sein de notre petite famille. Joséphine que deviens-tu ? Black unconditional love. Check !

À quinze ans n’en pouvant plus du système scolaire conventionnel, je sacrai mon camp de cette institution qui a pondu une mer de gens bien mais bon … moi j’en pouvais plus c’est tout. J’apprennais l’anglais en regardant le Cosby Show plus facilement qu’à l’école.

J’atterrissais donc dans cet endroit qui promettait de l’éducation aux adultes et qui contenait 96% de population estudiantine venue du même coin que ma merveilleuse nounou. J’ai bien pratiqué les rudiments du Créole et pleins d’autres trucs que ma gardienne chérie considérait comme étant très mal comme le Fumé du joint gros comme un barreau de chaise, le Baisage sur la table de Mississipi pendant la récré avec des amis pour jouer aux fesses, le Lançage de Aki dans le gymnase et le Copiage d’examen. En tant que cancre en chef et délinquante médium, je m’amusais follement mais il n’y avait pas l’ombre d’un certificat d’étude secondaire en vue … Les Zouks du Vendredi soir étaient tous géniaux par contre et j’y amassais pleins de cool-points vu mes talents de danseuse. Je m’y suis fais de merveilleux amis. Black easyness. Check !

À dix-sept ans ma Titemère nous a swingées dans un avion direction Martinique pour un mois. Zouk, acras de morue, boudin, plage, rastaman sexy, amis chaleureux et accueillants, on y reviendra plusieurs fois et on y retournera surement.
À son retour, voulant étirer le feeling Caribéen du moment, elle rencontrera un monsieur qui sera son chum durant 4 ans. Notre beau-papa Petit Touré, père fondateur du Ballatou nous fera rire un bon coup, m’offrira ma première (et non la dernière) job de waitress et de barmaid et nous fera découvrir le poulet aux arachides. Black family. Check !

Les frères Camille m’ont appris les bases du Fuck-friendship, mon merveilleux Herby m’a initiée au RNB et au kick-boxing, sa maman au Jerk chicken et patties Jamaïcain et à la vrai Rootybeer, la danse n’a plus eu de mystères au contact de mon pote black-nain-sexolique Rodney et j’ai découvert les joies de la maternité en m’occupant de Vanessa-comme-du-chocolat pendant deux ans. Mes oreilles pleine de rap, de hip-hop, de zouk, de kompa, de reggae, de dub, de dancehall, de tous les sons Africains venus du continent au complet,de salsa, de cumbia, de bachata, de merengue, de RNB, de house, de tout ce qui se danse et qui fait se brasser le cul ! Black culture. Check !

Dans ma job, j’ai failli mourir de rire au contact de Normand B. sur les pubs de lait de l’époque, Anthony Kavanagh a mis mes sphincters à rude épreuve lors du tournage de Voodoo Taxi, un petit truc qui s’est volatilisé dans le temps, l’hyperactivité et le génie de Grégory Charles me flaburgastaient quand je faisais le plateau des Débrouillards. La rapidité et les longues cuisse de Bruni m’ont fait rougir sur un plateau de tournage de je ne sais plus quel produit, Didier ze Mime me fait hurler de rire et Angelo Cadet a amené ses premières couleurs à MPlus , Phil Fehmiu rend une parole large et éclairée sur tout ce dont il cause et j’ai eu la chance de travailler sur le film adapté du roman de Danny Laferrière et passer plein de temps de qualité avec lui durant le tournage.

Je vous laisse sur un air de musique joué par Claude et Joaquin lors du souper-spagetti organisé par ma Titemère pour ramasser des dons pour le CECI en vue d’aider le peuple Haïtien et j’aurais tendance à penser comme Morgan Freeman concernant tout ce bruit fait autour d’une simple couleur. J’aime mieux parler d’essence, comme un bois précieux …



Souper Spagetti CECI from Catoo on Vimeo.