samedi 2 mai 2009

L'Oie Blanche

Un mec de 6 pieds 4, crâne rasé, des traits brutaux et émaciés, des mittes de baseball à la place des mains, la voix grave et des yeux trop bleu pour ne pas être épeurant se met devant moi et me dit sur un ton de conquistador :
« Tiens, depuis le temps que t’en voulais, en v’là! »
Et sur ce, me balance un sac d’épicerie souillé de sang et sable rempli de morceaux de bestioles qu’il a tué de ses mains, certaines apprêtées par son frère boucher de métier et d’autres … well … garochées dans un bon vieux ziplock, prêtes à griller sur le Barbèque dans sa forme initiale, plumes et poils laissant encore des traces.

Le « Gars des guns » sur notre film est un oiseau rare.
Un designer comme on préfèrerait ne pas les connaitre.
Un amoureux des armes doublé d’un historien triplé d’un pédagogue.
Du Tromblon aux AK-47 rien n’échappe à ce fanatique des armes à feu.
Il peut en un coup d’œil vous faire part de toutes les bévues d’un film dans le département des violences, des tapes sua yeules et des destructions massives.

Il a conçu deux Glock sur mesure pour l’acteur, moulage de main et initiales gravées en sus pour quelques dollars de plus que ce qu’on trouve chez le vendeur de gun du coin.
Entre deux films ultra-violents il prend deux ou trois contrats de riches Américains qui doivent surement se défendre de quelconque menace ou qui collectionnent tout simplement ces bijoux uniques comme on se mettrait un Picasso sur notre mur … Juste pour l’avoir, tsé …

Cet homme fait ses recherches et essais aux stands de tir où il a sa plaque commémorative soulignant l’apport à la compagnie par les centaines de clients qu’il y envoie.
Il va, pour se détendre, chasser tout ce qui se chasse, à la date prévue, en respectant ces quotas et en partageant le fruit de son passe-temps avec ses tinamis dans le but de capitaliser et son butin et ses connaissances !

Pas laid du tout, il est pourtant célibataire endurci, ne fréquentant que des demoiselles aux mœurs légères et sans cervelle de préférence, parce que c’est dur en tabouère de convaincre les filles que ta passion pour les armes est non seulement ton gagne-pain mais aussi ton hobby principal…
« -Hey Shirley, on fait quoi aujourd’hui bebé?
On vas-tu au stand ou on va à la perdrix ? »

Il le dit sans cligner des yeux .
Les femmes aiment pas ce que je fais.
Coudonc … c’est de même.

À la différence des filles, tous les garçons vont se tenir pas loin et lui posent des questions avec des airs de tiku devant le Père-Noël.
Questions auxquelles il répond avec générosité et quantité infinie de détails.
Il n’est pourtant jamais invité aux get-together et il mange souvent seul au lunch …
Comme si il était l’homme au deux pénis, on le trouve impressionnant mais on le considère quand même comme un monstre.

Et son plus grand admirateur est mon fils, savez celui qui m’a fait une fête lorsqu’il a su qu’on mangeait ce soir l’Oie Blanche de Paul ?

3 commentaires:

LeDZ a dit…

Moi je trouve que Paul à l'air cool !

La Shirley a dit…

C'était bon en tabouere !!!

Djouly Del'Haval a dit…

Lui au moins il assume et vie totalement sa passion! contrairement à d'autres qui déblatèrent un tas de conneries (et dieu sait qu'il s'en dit des niaiseries sur un plateau de tournage dans une journée) il possède une générosité qui ne nous laisse pas indifférent!