jeudi 30 décembre 2010

Parler seule

En allant acheter une baguette bien fraiche, j’ai croisé une dame dans la fin de la cinquantaine qui parlait seule sur la rue Beaubien aujourd’hui. Belle pour son âge, stylée, le pas vif, elle allait par là, une allure sure et convaincue, en grande conversation avec qui ? Elle-même surement. Pas d’oreille blue-tooth en vue … À chaque fois que je croise ce genre de personne, toute mon attention se connecte sur cet être humain qui n’a cure du monde qui l’entoure. Ça me fascine. Et ça m’inquiète.

Savez, quand je suis seule, je parle toute seule. Plein ! Souvent !

Je parle à mes morts, mon Papounet, mes amis partis trop tôt, celui ou celle qui run le show à qui je n’ose pas donner de nom en bonne athée que je suis avec ses références de bondieuseries et ses iconographies aidantes (le coup du dude avec les cheveux long et une barbe en jaquette blanche c’est rassurant mine de rien ), je me fais des dialogues que j’aurais aimé avoir avec d’autres, je corrige à la sauce « mauvaise-foi » des échanges que j’aurais du avoir, je chante des chansons inventées, je refais des dialogues entendus, j’embellie des conversations du passé, je cogite tout haut sur des idées qui me sont toutes neuves sachant pertinemment que le ¾ de la populace y a déjà songé avant moi …

Suis-je normale docteur ?

Tant que tu gardes ça pour toi ma grande, tout va bien. Ne mélange pas réalité et fables. C’est tout !

Je me demande où se fait le déclic. Quand ? Le passage de jaser avec ses spectres sur le balcon en fumant une clope (j’arrête le 3, juré) et de parler avec eux franchement en tout temps sur la rue Beaubien, ça se passe comment ? Elle est où la faille ?

J’ai envie de mettre tout ça sur le dos de la solitude, de l’individualisme, du rejet des aînés et un peu sur la fragilité de la santé mentale mais tout de même …

J’espère seulement ne jamais avoir à gérer quelqu’un que j’aime qui se mettrait à dialoguer avec des amis imaginaires ou en criss contre des ennemis inventés. Pour l’instant, mon exercice est tout ce qu’il y a de plus constructif, ça fait plein de jolis textes de chansons dans un folder secret de mon ordi, ça me calme le gros nerfs et ça me dégage de trucs que je n’oserais jamais dire à qui que ce soit, mon pauvre Papout doit avoir les oreilles post-mortem qui frisent des fois mais c’est cool, il me doit du temps d’écoute en masse le snoro …

Pour conclure, je parie ma marge de crédit que je ne suis pas seule à me taper ce petit exercice un brin autistique et je promets à ceux qui m’entourent que je ne parlerai jamais seule devant eux !

4 commentaires:

Gaudie a dit…

C'est grâce à mes conversations en solitaire que j'ai réglé plein de problêmes...je considère que parler toute seule est une thérapie haut de gamme! Maintenant parler toute seule sur la rue, ça peut paraitre bizarre, mais à qui ça fait mal? Les enfants le font, ils se racontent plein de jolies histoires...on pourrait lancer la mode du monologue comme une sorte de gym mentale, et ce serait très tendance!!!!!

Gaudie a dit…

...genre, préparez votre texte avant de partir, et répétez-le à haute voix en marchant! J'avoue que dans le métro ça fait étrange, mais rien ne dit que vous n,aurez pas un échange intéressant à qui veut bien sortir de sa bulle et vous donner la réplique!!!! En fin de compte ça devient du théatre de rue, comme les gens qui chantent ou qui dansent à l'improviste sur le trottoir ou dans un café!

Emia a dit…

C'est sur que je parle toute seule. Tout le temps. Mais toute seule, il faut le spécifier. Dans ma voiture, je suis seule. Dans ma douche aussi. Je pense que ce sont les gens qui ont l'imaginaire développé qui font ça. Pense juste à ceux qui écrivent des livres, ils doivent bien s'échapper de temps en temps...

Bonne réflexion!!!

Paco a dit…

Tant que tu jases pas avec toi pour remplir une vie trop plate, ça va... pis tu parles de cesser la cigarette le 3... pis dans un billet subséquent le 10... et le prochain sera le 17? ;)