dimanche 12 décembre 2010

Mes aïeux …

Tourne en boucle ces jours-ci sur ma page facebook une vidéo d’une Dame Claudette enflammée qui raconte sa honte d’aller mettre sa vieille mère, la Mamée, dans un centre pour les vieux, à une émission de télé Française dont le nom m’échappe. On y voit un auditoire qui écoute la lancée passionnée avec un crescendo de gorges qui se serrent et de larmes qui montent aux yeux, surtout dans la partie féminine du groupe, les messieurs écoutant avec un sourire en coin, le regard étonnement fixe et un presque stoïcisme du corps. Quand Claudette fini son aparté, la foule s’enflamme et lui fait un standing ovation digne des plus grandes Rock Star.

Ce petit morceau d’anthologie célébrant la culpabilité déguisé en devoir n’est partagé que par des femmes. Y’a pas un gars qui a « partagé » le lien avec personne de mes connaissances. Drôle hein ?!? Aucun « Like »… Pourtant, ils ont des parents eux aussi.

J’ai osé donner mon avis sur la chose en employant l’humour et le côté pratique des circonstances mais ça n’a pas super bien passé. Grand’yeule va !

Et vous, que ferez vous de vos Vieux ?

Ma Titemère s’inquiète de la façon dont on disposera de sa vieille carcasse quand elle ne pourra plus aller à la gym, quand elle ne pourra plus prendre l’avion allé rejoindre ses amis, quand elle sera dure de la feuille, que ses yeux lui joueront des tours et quand le seul geste de se vêtir aura des allures d’Iron Man. Comme je lui dis, mis à part les scratchs à l’égo, le reste sera pris en charge au mieux de nos connaissances avec tout l’amour qu’on lui porte et le temps qu’on aura et celui qu’on prendra. On verra en temps et lieux, pour l’instant ton combat ultime contre la décrépitude va très bien merci ! T’as la tête dure ! Le corps aussi ! Lâches pas ! On est avec toi !

Mais l’anthropologue wannabe qui sommeille en moi me fait un rappel des situations engendrées par les générations et par notre situation géographique tout en me rafraichissant la mémoire sur les valeurs de notre monde Occidental. Et elle est entêtée la salope ! Comme un ver d’oreille qui ne me quitte jamais !

Les baby-boomers ont été les premiers à faire moins d’enfants, abandonnant par le fait même le bon vieux concept d’un des membres de la famille à devenir le bâton de vieillesse de ses parents. Ils ont été les premiers à faire passer la carrière au même rang que celui de la famille, étant donc les premiers à « placer » leurs géniteurs en centre. Ils ont été les premiers à ne pas se sentir obligé de s’occuper d’eux de façon assidue. Leurs progénitures, la génération X, a fait de biens mauvais parents en général, à mon humble avis et ce, pour toute sorte de raisons. Complètement enfoncés dans un train de vie contradictoire, soit la carrière avant tout, presque pas d’enfants et englués dans une société dite de loisir et de rêves de Liberté 55. Mais surtout avec une toute nouvelle notion de l’amour inconditionnel. On peut maintenant se sentir relativement à l’aise de ne pas aimer ses parents sans la menace obscure de finir en Enfer et de se faire rincer par le curé tous les Dimanche. On peut même en parler avec ses amis sans les faire sourciller. Par contre, l'héritage de la culpabilité est toujours bien gras, surtout chez la gente féminine.

J’ai en tête aussi le grand secret de Pi Dang. Lors d’un tournage en Thaïlande, on nous a recommandé comme assistante costumière cette femme incroyable dont le souvenir sera toujours impérissable. Du haut de son 5 pied 3, elle menait de front 4 jobs dans le but d’apporter de l’eau à son moulin abritant 14 personnes. Elle, ses 6 enfants, son deuxième mari et ses 4 enfants, sa sœur et sa très vieille mère. Pi Dang était la seule source de revenus officiels. Un jour je lui ai demandé comment elle trouvait son set-up. Elle a regardé le sol, prit une grande respiration et m’a dit avec son anglais approximatif :-« Pi Shirley, me tired, me don’t love me mother, she cruel and mean, me have to take care anyway, me want to travel with husband and pay school for kids, only you can understand how terrible.” Z’imaginez pas le courage que ça lui a pris pour me sortir un truc pareil …

J’ai appris par la suite que son père avait fait le pire que ce qu’un père peut faire à ses enfants. J’imagine l’envie d’empoisonnement qui lui serait passé par la tête devant son vieux sans défense, assis là à attendre la mort sur la grande terrasse donnant sur la rivière Ping. Le laisser dans sa merde aurait été une jolie vengeance … Heureusement le destin s’est chargé de ne pas imposer ça à Pi Dang mais pour tous ceux qui vivent ce genre de situation partout où la tradition fait loi, ça doit être tellement inhumain, tellement frustrant.

Comment en vouloir à un enfant maintenant adulte de ne pas vouloir s’occuper d’un parent sans talent ou pire, d’un parent tyrannique. Comment peut-on juger le geste de « parker » un parent qui lui, a fait pareil du temps de sa jeunesse avec ses propres enfants ? Comment les vieux qui n’ont pas voulu d’enfants histoire de vivre leur vie comme bon leur semblaient, vivront-ils leur vieillesse pleine de solitude qu’ils décrient comme une injustice ? Pourtant, c'est la seule justice en ce bas monde : On naît, on vit, on vieilli et on crève.

Je continue de penser qu’en cette ère d’individualisme, on récolte ce que l’on a semé … Traitez moi de moralisatrice tant que vous le voulez. J’assume. Ma mère s’est fendue en 4 pour ma sœur et moi, je suis certaine de faire pareil pour elle. À ma façon. Avec mes moyens de génération X qui paie pour le luxe des baby-boomers et de leurs excès. Avec le temps que j’aurai quand je serai à la fin de ma propre carrière avec les inquiétudes que ça apporte. Avec ma facilité ou ma difficulté de dealer avec la maladie et les apprentissages d’intimité du bain, du crémage de corps, du brossage de dents et peut-être plus tard, le changement de couche sur un bébé de 145 livres et de 5 pieds 8.

On a eu l’exemple de notre famille qui s’occupait de leur vieille mère, mon fils voit son père sortir sa vieille maman malade, on lui a inculqué ça depuis qu’il est tout petit, il fera surement pareil avec moi et son père. On se le souhaite. Et parce qu’on s’aime aussi. On a envie de se voir. Ce n’est pas le cas partout.

J’ai comme projet de jeune vieillesse d’ouvrir un centre nouveau genre pour les vieux techniciens laissés pour contre par leurs enfants qu’ils ont eux même un peu abandonné du aux horaires de débile du cinoche. Projection de films, salle de gym, soirée dansante une fois par mois avec band, évènements honorifiques pour ceux et celles qui partiront, (BONS) lunchs ressemblants aux dîners de plateau en gang, atelier de bizounages multiples et variés pour se garder occupés,actifs et soirées « Spécial Anecdotes » dont les techs sont si friands. S’il reste du temps pour des visites les fois où la marmaille s’ennuierait, et ben tant mieux !

Les temps changent, la façon de gérer la vieillesse aussi.

On est juste pas immortels et ça, c’est pire que d’accepter l’hiver …

2 commentaires:

Gaudie a dit…

Y-a rien comme de faire des nuances, et c'est certain qu'on ne peut pas aimer tout le monde...surtout pas des vieux méchants qui l'étaient de toute façon du temps de leur jeunesse.
Pas fin un jour pas fin toujours!
A l'époque où je bénévolais pour des vieux solitaires j'en ai vu de toute les couleurs...et c'était pas tout les jours la fête! Je pense qu'on vieillit comme on a vécu, on change très peu, et l'autonomie est l'outil de base au fond du coffre de la vie.

Anonyme a dit…

C'est un grand sujet que celui-ci !
Un sujet qui me touche particulièrement...
Si tu ouvres ce centre un jour, fais-moi signe !
;0) Ju