lundi 21 décembre 2009

Déni tout inclus : The sequel, part 3


Maintenant qu’on a fait le tour du jardin d’enfant, joué à tous les jeux, on connaît tous nos animatores, là, ça y’est, je crois qu’on est du pour une sortie parascolaire sans drink délavé, sans musique kétaine à tue-tête, sans buffet beige et insipide, là ça y’est on a envie d’un peu d’exercice cérébral.
Bon, je ne parle pas d’un crash course sur la littérature Espagnole du 18eme siècle ici mais bien d’un tour guidé (oui oui !) dans le trésor poussiéreux qu’est la Havanne avec Nina, notre maman du jour.

Une maman extrêmement articulée, chouette et souriante. J’y vais avec mon ti-couple, qui semble fin prêt à sortir le drapeau blanc et qui se retrouve séparé dès la minute où l’on met le pied dans l’autobus climatisé aux accoudoirs graisseux. Je dégote enfin un siège libre, au fond, près des bécosses, à côté d’un monsieur dans la soixantaine esseulé.

Bonjour, moi c’est Michel, Bonjour moi c’est Shirley … Et c’est là qu’une simple journée passée en troupeau soumis se transforme en ce que je considère comme ma plus belle découverte du séjour à Cuba …

Michel … Je ne l’oublierai jamais, je vous le promets !
Il y a en cette vie des gens qui ont de grands moments de courage et Michel fait parti de ce lot de valeureux guerriers.
En une semaine, le bougre a quitté sa femme, pris sa retraite, sorti du garde-robe et décidé de faire le tour du monde après avoir travaillé aux Postes ad vitam aeternam, vidé ses comptes de banque sur les 2 femmes de sa vie, élevé sa fille seul et s’être défendu d’être ce qu’il était pour vrai durant le ¾ de son existence.

Finalement, on a pas tellement écouté ce que nous racontait Nina, on a jasé de ses voyages, des miens, des hommes, de nos enfants, on s’est pris en photos, on a rigolé en masse, on s’est échangé des adresses et quand on s’est fait éjecté sur le parvis de l’église, mes amis sont venus très vite vers moi en me demandant si j’avais besoin d’un sauvetage anti-mononc-téteux et je les ai rassurés en leur disant même que s’ils voulaient enfin être seuls (je fus tout sauf envahissante mais bon …), fallait pas se gêner, au contraire, je venais tout juste de le décorer de la médaille « you-me-friends » pour la journée !

Ah …
Ah bon … j’ai senti un petit vent froid. Pas que je ne les aimais plus mais j’avais enfin un ami pour jouer et souriant par-dessus le marché !!! Tant pis pour le courant d’air, ils allaient devoir s’endurer, c’est que c’est pratique une amie, ça empêche les débordements et faut se tenir un peu mais là ça y’est, je ne servirais pas d’abri-nucléaire aujourd’hui, j’ai rendez-vous dans le coin bricolage avec un nouveau pote !

Le musée du rhum, le Capitol, la Viega Habanah avec ses quêteux déguisés en Cubains-typiques qui fument des cigares gigantesques en plastique, son square plein de livres poussiéreux, les fameuses bagnoles des années 50 qui NE ROULENT PAS TOUTES, j’aimerais le préciser, elles ornent les devantures de restos, la place de la révolucionne qui célèbre la grandeur d’un meurtrier sanguinaire aux airs de jeune premier, mort en martyr, qui fait vendre des t-shirts aux effluves de rébellion, la place centrale qui se fait renipper à grand coup de pinceau et le restaurant qui nous a enfin servi un repas digne de ce nom furent partagés avec simplicité et convivialité pendant que le reste du troupeau Québécois passait des remarques navrantes et déconcertantes de niaiserie …
Si un jour j’ai un pays, faudra faire quelque chose avec ses habitants …

On s’est laissé plein d’adieux sincères à l’arrivée de l’hôtel, je m’ennuyais déjà quand, au bar, je me suis commandé un Pina Colada pour se remettre dans l’esprit du party obligatoire (ou presque) et après avoir rejoint mes comparses à l’animacionne du Jeudi, j’ai émis l’envie de sortir shaker what God gave me un peu plus tard en soirée et mon plan fut accueilli comme si je proposais d’aller jouer au croquet avec le troupeau d’Allemand saoul du resort …
Ok d’abord ! J’irai seule avec mes bergers de cheptel jeunes et dynamiques.
C’est quand même l’avant-dernière soirée pour sortir !!!

Le reste de la soirée s’est déroulé comme une série d’actes manqués que je n’expliquerai pas because la dignité en prendrait un sale coup et je perdrais surement mes deux amis que j’aime et que j’ai déjà gaffé sur ce blog et qu’on ne m’y reprendra plus et que de toute façon c’est pas de vos affaires !

J’ai surtout passé un lendemain seule sans amis à repousser Alex le life-guard, Bob et ses bonbons, Monsieur-l’Île-aux-coudres saoul à dix heures am, le Bourlingueur français aux airs de « roady » d’Offenbach et à la verbo-motion de style Kalashnikow, jaser avec le couple Hollandais brulé au troisième degré en burn-out et philosophé avec Mathew de Vancouver, dix-huit ans, pot-head professionnel et franchement adorable.
Quand mes deux potes ont finalement émergé, j’ai bien soupesé l’aura de drame et je n’ai pas passé de remarque à part ceci :

« Je vous aime tendrement tous les deux et je vous confirme que vous n’allez pas du tout bien ensemble.»

La suite fut simple, souper insipide, empaquetage de valises, derniers drinks, adieux sans convictions, bizous au barman qui faisait les meilleurs cafés, achat de rhum et de cigares, aéroport enfumé, attente, confessions d’autres touristes sur leur séjour, appréciations et défaveurs, matantes de Trois-Rivières qui se vantaient que ça couterait cher à leurs maris, pas de Michel à l’horizon …

C’est que je l’aurais bien revu celui-là …

Mais comme on s’était si bien dit tous les deux, tous les chemins mènent au rhum …
On s'y recroisera surement ...
Si j’y retourne, je n’irai qu’à la Havane apprendre la salsa Cubaine plus sérieusement, c’est leur seule légèreté.
Jespère seulement y recroiser mon coup de foudre platonique qui me fait réaliser encore et encore qu'il n'y a rien comme de faire ce qui nous rend heureux, quelqu'en soit le prix !


3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'adorerais partir en voyage avec toi - je suis certaine qu'on aurait du plaisir d'un bout à l'autre de nos vacaniones :)

Très pénible les situations du genre que tu décris, je l'admets. Se retrouver entre deux qui boudent, aie aie aie !

Contente que tu aies trouvé un Michel qui (nous) (re)semble de bonne compagnie !

Joyeux Noël La Shirley ! On se croise peut-être sur une mythique piste de danse, mon dos va mieux (BANZAI !)

La Shirley a dit…

Ouaip ... comme l'impression qu'on rirait fort !!! Si on se croise c'est au NÜ LOVE du 31 au soir ! Tellement contente que ton dos aille mieux, oufff, quel soulagement !!!!
Joyeuse fêtes belle Rouge Guerrière !!! Gros bizous !!!!

Paco a dit…

"tous les chemins mènent au rhum …"... j'adore... je vais l'emprunter et en plus c'est vrai :) Et refaire sa vie pour mieux être ce qu'on est et faire ce qui nous appelle, c'est en effet beau et essentiel...