jeudi 30 décembre 2010

Parler seule

En allant acheter une baguette bien fraiche, j’ai croisé une dame dans la fin de la cinquantaine qui parlait seule sur la rue Beaubien aujourd’hui. Belle pour son âge, stylée, le pas vif, elle allait par là, une allure sure et convaincue, en grande conversation avec qui ? Elle-même surement. Pas d’oreille blue-tooth en vue … À chaque fois que je croise ce genre de personne, toute mon attention se connecte sur cet être humain qui n’a cure du monde qui l’entoure. Ça me fascine. Et ça m’inquiète.

Savez, quand je suis seule, je parle toute seule. Plein ! Souvent !

Je parle à mes morts, mon Papounet, mes amis partis trop tôt, celui ou celle qui run le show à qui je n’ose pas donner de nom en bonne athée que je suis avec ses références de bondieuseries et ses iconographies aidantes (le coup du dude avec les cheveux long et une barbe en jaquette blanche c’est rassurant mine de rien ), je me fais des dialogues que j’aurais aimé avoir avec d’autres, je corrige à la sauce « mauvaise-foi » des échanges que j’aurais du avoir, je chante des chansons inventées, je refais des dialogues entendus, j’embellie des conversations du passé, je cogite tout haut sur des idées qui me sont toutes neuves sachant pertinemment que le ¾ de la populace y a déjà songé avant moi …

Suis-je normale docteur ?

Tant que tu gardes ça pour toi ma grande, tout va bien. Ne mélange pas réalité et fables. C’est tout !

Je me demande où se fait le déclic. Quand ? Le passage de jaser avec ses spectres sur le balcon en fumant une clope (j’arrête le 3, juré) et de parler avec eux franchement en tout temps sur la rue Beaubien, ça se passe comment ? Elle est où la faille ?

J’ai envie de mettre tout ça sur le dos de la solitude, de l’individualisme, du rejet des aînés et un peu sur la fragilité de la santé mentale mais tout de même …

J’espère seulement ne jamais avoir à gérer quelqu’un que j’aime qui se mettrait à dialoguer avec des amis imaginaires ou en criss contre des ennemis inventés. Pour l’instant, mon exercice est tout ce qu’il y a de plus constructif, ça fait plein de jolis textes de chansons dans un folder secret de mon ordi, ça me calme le gros nerfs et ça me dégage de trucs que je n’oserais jamais dire à qui que ce soit, mon pauvre Papout doit avoir les oreilles post-mortem qui frisent des fois mais c’est cool, il me doit du temps d’écoute en masse le snoro …

Pour conclure, je parie ma marge de crédit que je ne suis pas seule à me taper ce petit exercice un brin autistique et je promets à ceux qui m’entourent que je ne parlerai jamais seule devant eux !

mardi 28 décembre 2010

Compte rendu

Trop, trop de nourriture !
Plein de beau monde transis de joie d'y être !
Des enfants en feu qui sautent partout dans mon salon !
Une doyenne aux anges qui a fait la conversation, confuse mais heureuse !
Aucun conifère mal traité !
Pas de glaçons de plastoche pognés partout !
Pas de ti-Jésus en plastique qui tombe tout le temps !
Des bizous à profusion !
Des fou-rires en masse !
Des cadeaux d’hôtesse qui se lisent et qui se mangent avec fougue !
Le ménage fait avant même que toute la famille parte !
Des bébés éveillés qui n’ont presque pas pleuré !
Aucun accident de vin rouge !
Des taxis !
Des chauffeurs désignés !
Un sommeil réparateur et amoureux !
Des restants succulents pour 4 jours !
Un autre souper le lendemain complètement différent du joyeux chaos familial.
Nappe blanche, carton titulaires et trou normand.
Jazz, paillettes et conversations feutrées.
Des petits chien bien groomés qui ornent le salon d’une maison à flanc de montagne.
Chic et de bon goût !

Le temps des fêtes c’est comme la vie en accéléré avec un concentré de bulles !

Reste le rite purificateur du 31 et enfin, on pourra dire qu’une nouvelle ère commence, celle de la nouvelle année que je souhaite plus douce pour certains et plus remplie pour d’autres, tant qu’elle se passe sous le signe de la santé et de la chance !

Allez ! Je vous le crie d’avance : BONNE ANNÉE 2011 À TOUS ET TOUTES ! XXX

jeudi 23 décembre 2010

De festivités et de lucidité

C’est plus fort que moi …

À chaque fois que le temps des fêtes arrive, je reprends mon rôle de rebelle de la tyrannie de Noël, je fais tout à l’envers et j’invite du monde au nom de l’amour, de la famille et de la bonne boustifaille.
Interdiction de cadeaux, interdiction de participer à la tuerie sapinière, interdiction de se faire chier à écouter des tounes qu’on fait semblant d’aimer 3 jours par année. Voilà pour ma religion et mes principes.

On a juste le droit de rire, de manger, de danser et de se dire qu’on s’aime. Ceux qui veulent étaler leur joie devant l’acquisition de bébelles le feront entre eux, avec leurs p’tits loups qui ont bien droit à leur part de magie et de croyances loufoques et qui un jour, verront bien que c’est mononc’ Chose qui est déguisé mais bon, pas tout de suite …

Chaque chose en son temps !

Mais c’est plus fort que moi …

À chaque année, j’ai mon moment de mélancolie et j’ai une pensée profonde pour tous ceux et celles pour qui Temps des Fêtes rime avec vague à l’âme. J’ai moi-même eu un jour à vivre un Noël qui arrivait beaucoup trop vite suite à la mort d’un parent. Mon cœur ne peut pas cesser de battre la chamade à la pensée de ces deux amoureux qui viennent de perdre une petite fille de 2 jours suite à des complications terribles et ce, une semaine avant le grand congé des réjouissances. Une conversation avec un gentil inconnu dans un party m’a rappelé combien ce temps là, passé sans famille peut être triste. Un article sur les ambulanciers qui sont de service en tout temps, qu’on chante Jingle Bells ou non, auront à côtoyer le pire de ce que l’être humain est capable d’offrir, verront le résultat de partys trop arrosés, des familles brisées. J’ai une pensée toute spéciale pour la famille du jeune homme retrouvé dans le canal Lachine suite à une petite marche sur la glace pas prise du tout, non mais quel genre de Fêtes vont-ils passer …

Dans mon élan de compassion, je ne peux évidemment pas faire abstraction d’Haïti, de tous les pays en guerre, des enfants qui ne rêvent que d’un repas par jour et non d’une Wii et je me dis que les paniers de Noël généreusement ramassés ne mettront qu’un petit plaster sur des plaies béantes dans le Centre-Sud du Dr Julien. Y'a la horde déconfite et frigorifiée qui dormira dehors pendant qu’on a chaud à danser. Tout ça …

Je ne veux pas faire flotter un nuage gris au dessus des lumières scintillantes, je ne veux pas enterrer les odeurs de dindes avec celle de la merde ambiante et je ne veux pas prendre tous les maux de la Terre sur mes épaules, non, paraitrait qu’il y a un dude du nom de Jésus qui avait essayé et autant dire que c’est fouareux son truc, non, ça ne marche pas. Mais je ne peux pas passer à côté du fait que j’ai tout en quantité industrielle versus la pléiade ce ceux et celles qui n’ont rien. Et y’a comme un parfum d’injustice qui flotte.

J’ai la santé, toute ma tête, une famille fabuleuse, un fils que j’aime par-dessus tout, un amoureux de luxe, un toit sous lequel m’abriter, tous les repas que je veux par jour, un boulot que j’aime, des idées et des projets, un party chez nous le 24 avec juste du monde merveilleux et en plus, j'ai un blog !

Et je suis assez chanceuse d’être capable de lire et de vous écrire que je vous aime et que je vous souhaite tous un temps des fêtes à votre goût, à votre mesure, avec ceux et celles que vous voulez côtoyer, dans la joie et l’allégresse, vous souhaiter de croire à ce que vous avez envie de croire, de prier dans votre tête ou dans une église, vous souhaiter d’avoir des choix, la liberté de dire, de penser et d’écrire, le temps de prendre du temps et surtout, surtout de prendre tout ce que la vie vous donne et d’en profiter un grand coup !

Ce Noël, je vous le souhaite Joyeux ! Si seulement tout le monde y avait droit ...

lundi 20 décembre 2010

Editorial de la Reine au Dépôt 8

Zamouri s’est fait traité de pessimiste et d’abonder dans l’exagération massive quand nous discutions du temps et de l’argent que ça prendrait pour « enmieuter » notre espace de vie. Ses côtés alarmistes et pragmatiques nous ont bien prouvé que nous faisions tous une belle séance de pétage de bretelles grégaire sans se douter des milliers d’impondérables à venir ou si peu. Le jovialisme ne fait pas bon ménage avec les horaires serrés ! Prendre son temps n'est pas une option ! Méa Culpa tabouère d’ostik de marde ! Excusez-moi hein …

Si le manque flagrant de talent pour faire des estimées de temps chez chaque jobbeux est prit pour acquis de ma part, j’avoue ne pas avoir assez aggravé leurs devis de mon bord et faire le calendrier des réjouissances en conséquence. Beaucoup de « wishfull-thingking », de bonne volonté et/ou de vantardise nous dérègle le bon fonctionnement du party de marteau. Sans oublier les chutes de neige à répétition qui retarde toutes livraisons de Gyps, de Ply et de beams. Sans oublier le fameux bruit de fond « Oui oui ma p’tite madame, on vous fait ça au plus vite » …

Si je récapitule, les plombiers sont des êtres d’une popularité comparable à celle de Mr Assange ces jours-ci, on vous les envoie et on vous les confisque quelques heures plus tard pour qu’ils aillent finir ce qu’ils ont commencé ailleurs. Et vous restez là en plan, votre charpentier étant dorénavant stoppé dans ses travaux à lui, les électriciens vous regardant avec un air de poisson mort, bref, tout le monde dépend de tous le monde. 3 jours de perdus ici.

Si je me fie à Météomédia, autant dire que je suis dans la bouillie jusqu’au cou puisque ce qu’on avait prévu comme étant quelques petits centimètres de rien du tout se transforme en tempête, bloque ruelles et rues, rends les livraisons quasi impossibles ou tend à transformer un petit exercice de levée de poids en cardio quasi mortel pour 3 gars plutôt que deux avec comme réchauffement, un pelletage de la fin du monde et la patate qui risque de vous sortir du chest. Une journée de perdue là.

Cette même jolie bordée fait en sorte que les journées commencent à 10 heures am plutôt que 8 heures am. Fait prendre des décisions impulsives à mes corps de métiers habitant dans les pôles Nord ou Est d’aller déblayer leurs chemins, fantasmant sur un éventuel feu qui ne pourrait être éteint par les pompiers embourbés dans les mètres de neige accumulée. Allez hop, on quitte le chantier en vitesse pour éviter le pire, et ce, par un beau Jeudi après-midi. 2 autres jours de perdus drette là.

Le très doué tireur de joint se pointe et m’annonce le plus sérieusement du monde que la « job » prendra 2 jours. Moi, pleine d’espoir, je le crois sur parole. Et ben non … Ça en prend 4 dis donc … On remet donc à beaucoup plus tard la construction des planchers, ce qui retarde la confection des plinthes et des cadres de porte, ce qui repousse à plus tard la peinture et qui complique la montée des meubles incrustés et faits sur mesure … Délai, délai, délai … SA.CRA.MENT. La cave de Shirley, le CHUM, même combat !

Depuis le 12 octobre j’ai du changer le calendrier 763 fois. J’imagine si on faisait un film dans les mêmes conditions on serait en faillite depuis un méchant boutt’. Je n’arrive pas à concevoir tout ce retard comme étant « normal ». J’ai de la misère à être conciliante et de rester zen. Si tout n’est pas fini le 31 Janvier, je vends tout et m’éclipse en Papouasie dans une maison dans les arbres, je vivrai nue et je mangerai des insectes et tant pis pour la jolie salle de bain, la grande douche, les deux chambres insonorisées, les walk-in de luxe et les planchers de bamboo !

Ce chaos temporel est en train d’avoir raison de moi. Il ya longtemps qu’on m’aurait donné mon 4% si j’avais été aussi peu ponctuelle, si je m’éclipsais sans raisons solides, si il me manquait toujours un machin pour faire mon travail comme il se doit et si mes assistants décidaient qu’ils ont mieux à faire le jour où ils sont indispensable. Même pendant les tempêtes les retards sont rares sur les plateaux …

Pfffffffff, ça y’est … Lundi, 20 Décembre, j’en ai plein mon cass’ ! Voilà !

jeudi 16 décembre 2010

Banquise HD

Mon premier rhume bronchique de l’année, le froid et la neige me rappelle combien ma décision prise il y a dix ans était la bonne. NE-PLUS-TOURNER-L’HIVER-DEHORS.

J’ai récidivé il y a trois ans suite à la proposition d’une designer à qui je ne peux (presque) rien refuser et il s’est adonné que c’était l’hiver le plus violent qu’on avait eu depuis des lustres. J’ai confirmé mon choix au « wrap-party » de ce film glauque.
On ne m’y reprendra plus jamais !!!

Il est clair que mon choix peut sembler biaisé aux yeux de ceux et celles qui me connaissent bien, tous sachant très bien que je déteste cette saison avec la passion de Roméo pour sa Juliette chérie. Autant mourir ! Je me fais violence six mois par année, je ne rêve que de plages suaves et de robe soleil. Les sports d’hiver équivalent à des tortures médiévales et tout n’est qu’agression. Bref … you know what i’m sayin’ …

Mais j’aimerais quand même m’expliquer.

Passer 17 heures dehors, habillée comme un ours, debout toute la journée, une demi-heure de lunch parce que la lumière se fait rare, s’occuper des acteurs et actrices habillés « joli » pour le look qui frôlent l’hypothermie, se faire dire par toute l’équipe 876 fois que l’actrice gèle, fournir des manteaux aux producteurs débarqués de L.A. en coat de cuir de Michael Jackson dans la tempête, donner des tuques au Réalisateur qui la perdra de toute façon, trainer son nécessaire de travail dans un mètre de neige sur des distances variables, essayer tant bien que mal d’aller pisser vite vite dans un « Johnny on the spot » glacial ou vos cinquante confrères sont passés avant vous (bonne chance si vous êtes dans votre « semaine »), brasser des petites pochettes chauffantes qui donne plus d’espoir que de chaleur pour votre gang de comédiens frigorifiés, ne pas se faire attendrir par les techs mal équipés qui gèlent, mettre des grands manteaux de réchauffements et les enlever 389 fois par jour, gérer des roulottes avec la tuyauterie qui procure des glaçons plutôt que de l’eau de lessive, morver dans sa manche, prendre des notes dans votre cahier avec des mitaines et ne pas être capable de se relire, se demander si vous avez des orteils de rechange, prendre une heure de voyagement de plus que d’habitude, être témoin de la force ou des faiblesses du département transport et de tout ce que les bancs de neige provoquent comme situations, voir vos amis machinistes et éclairagistes manipuler des pièces de métal brutalement pétrifiées, voir les potes de la régie pelleter jusqu’à ce que mort s’en suive, vous faire chicaner par les coiffeuses si les acteurs se mettent leur capuchon pour se réchauffer les oreilles, la caméra qui fige ou bloque, les micros qui se font frictionner par les foulards et qui vous scrapent un dialogue, les manteaux qui flambent sur les chaufferettes à gaz, le grand dilemme de la pochette à outils sur ou sous le manteau à la taille, l’énergie du désespoir dépensée qui vous brûle le courage, le craft qui ne fournit pas en petite soupe chaude, les figurants givrés dans leur micro-costume sans tout l’arsenal déployé pour les vedettes, les chars d’époque qui ne partent plus, les nuits écourtées par le besoin de lumière du jour si jolie à l’écran, les Big Boss qui viennent faire des visites de courtoisie et repartent aussitôt dans leur bureau sec et chaud …

Et tout ceci n’est que la pointe de l’Iceberg. Non vraiment … J’y vais plus. Je laisse la place à d’autres, plus jeunes, plus motivés et moins expérimentés !

J’aime 100 fois mieux gérer des rénos ! C’est ben plus sexy !

dimanche 12 décembre 2010

Mes aïeux …

Tourne en boucle ces jours-ci sur ma page facebook une vidéo d’une Dame Claudette enflammée qui raconte sa honte d’aller mettre sa vieille mère, la Mamée, dans un centre pour les vieux, à une émission de télé Française dont le nom m’échappe. On y voit un auditoire qui écoute la lancée passionnée avec un crescendo de gorges qui se serrent et de larmes qui montent aux yeux, surtout dans la partie féminine du groupe, les messieurs écoutant avec un sourire en coin, le regard étonnement fixe et un presque stoïcisme du corps. Quand Claudette fini son aparté, la foule s’enflamme et lui fait un standing ovation digne des plus grandes Rock Star.

Ce petit morceau d’anthologie célébrant la culpabilité déguisé en devoir n’est partagé que par des femmes. Y’a pas un gars qui a « partagé » le lien avec personne de mes connaissances. Drôle hein ?!? Aucun « Like »… Pourtant, ils ont des parents eux aussi.

J’ai osé donner mon avis sur la chose en employant l’humour et le côté pratique des circonstances mais ça n’a pas super bien passé. Grand’yeule va !

Et vous, que ferez vous de vos Vieux ?

Ma Titemère s’inquiète de la façon dont on disposera de sa vieille carcasse quand elle ne pourra plus aller à la gym, quand elle ne pourra plus prendre l’avion allé rejoindre ses amis, quand elle sera dure de la feuille, que ses yeux lui joueront des tours et quand le seul geste de se vêtir aura des allures d’Iron Man. Comme je lui dis, mis à part les scratchs à l’égo, le reste sera pris en charge au mieux de nos connaissances avec tout l’amour qu’on lui porte et le temps qu’on aura et celui qu’on prendra. On verra en temps et lieux, pour l’instant ton combat ultime contre la décrépitude va très bien merci ! T’as la tête dure ! Le corps aussi ! Lâches pas ! On est avec toi !

Mais l’anthropologue wannabe qui sommeille en moi me fait un rappel des situations engendrées par les générations et par notre situation géographique tout en me rafraichissant la mémoire sur les valeurs de notre monde Occidental. Et elle est entêtée la salope ! Comme un ver d’oreille qui ne me quitte jamais !

Les baby-boomers ont été les premiers à faire moins d’enfants, abandonnant par le fait même le bon vieux concept d’un des membres de la famille à devenir le bâton de vieillesse de ses parents. Ils ont été les premiers à faire passer la carrière au même rang que celui de la famille, étant donc les premiers à « placer » leurs géniteurs en centre. Ils ont été les premiers à ne pas se sentir obligé de s’occuper d’eux de façon assidue. Leurs progénitures, la génération X, a fait de biens mauvais parents en général, à mon humble avis et ce, pour toute sorte de raisons. Complètement enfoncés dans un train de vie contradictoire, soit la carrière avant tout, presque pas d’enfants et englués dans une société dite de loisir et de rêves de Liberté 55. Mais surtout avec une toute nouvelle notion de l’amour inconditionnel. On peut maintenant se sentir relativement à l’aise de ne pas aimer ses parents sans la menace obscure de finir en Enfer et de se faire rincer par le curé tous les Dimanche. On peut même en parler avec ses amis sans les faire sourciller. Par contre, l'héritage de la culpabilité est toujours bien gras, surtout chez la gente féminine.

J’ai en tête aussi le grand secret de Pi Dang. Lors d’un tournage en Thaïlande, on nous a recommandé comme assistante costumière cette femme incroyable dont le souvenir sera toujours impérissable. Du haut de son 5 pied 3, elle menait de front 4 jobs dans le but d’apporter de l’eau à son moulin abritant 14 personnes. Elle, ses 6 enfants, son deuxième mari et ses 4 enfants, sa sœur et sa très vieille mère. Pi Dang était la seule source de revenus officiels. Un jour je lui ai demandé comment elle trouvait son set-up. Elle a regardé le sol, prit une grande respiration et m’a dit avec son anglais approximatif :-« Pi Shirley, me tired, me don’t love me mother, she cruel and mean, me have to take care anyway, me want to travel with husband and pay school for kids, only you can understand how terrible.” Z’imaginez pas le courage que ça lui a pris pour me sortir un truc pareil …

J’ai appris par la suite que son père avait fait le pire que ce qu’un père peut faire à ses enfants. J’imagine l’envie d’empoisonnement qui lui serait passé par la tête devant son vieux sans défense, assis là à attendre la mort sur la grande terrasse donnant sur la rivière Ping. Le laisser dans sa merde aurait été une jolie vengeance … Heureusement le destin s’est chargé de ne pas imposer ça à Pi Dang mais pour tous ceux qui vivent ce genre de situation partout où la tradition fait loi, ça doit être tellement inhumain, tellement frustrant.

Comment en vouloir à un enfant maintenant adulte de ne pas vouloir s’occuper d’un parent sans talent ou pire, d’un parent tyrannique. Comment peut-on juger le geste de « parker » un parent qui lui, a fait pareil du temps de sa jeunesse avec ses propres enfants ? Comment les vieux qui n’ont pas voulu d’enfants histoire de vivre leur vie comme bon leur semblaient, vivront-ils leur vieillesse pleine de solitude qu’ils décrient comme une injustice ? Pourtant, c'est la seule justice en ce bas monde : On naît, on vit, on vieilli et on crève.

Je continue de penser qu’en cette ère d’individualisme, on récolte ce que l’on a semé … Traitez moi de moralisatrice tant que vous le voulez. J’assume. Ma mère s’est fendue en 4 pour ma sœur et moi, je suis certaine de faire pareil pour elle. À ma façon. Avec mes moyens de génération X qui paie pour le luxe des baby-boomers et de leurs excès. Avec le temps que j’aurai quand je serai à la fin de ma propre carrière avec les inquiétudes que ça apporte. Avec ma facilité ou ma difficulté de dealer avec la maladie et les apprentissages d’intimité du bain, du crémage de corps, du brossage de dents et peut-être plus tard, le changement de couche sur un bébé de 145 livres et de 5 pieds 8.

On a eu l’exemple de notre famille qui s’occupait de leur vieille mère, mon fils voit son père sortir sa vieille maman malade, on lui a inculqué ça depuis qu’il est tout petit, il fera surement pareil avec moi et son père. On se le souhaite. Et parce qu’on s’aime aussi. On a envie de se voir. Ce n’est pas le cas partout.

J’ai comme projet de jeune vieillesse d’ouvrir un centre nouveau genre pour les vieux techniciens laissés pour contre par leurs enfants qu’ils ont eux même un peu abandonné du aux horaires de débile du cinoche. Projection de films, salle de gym, soirée dansante une fois par mois avec band, évènements honorifiques pour ceux et celles qui partiront, (BONS) lunchs ressemblants aux dîners de plateau en gang, atelier de bizounages multiples et variés pour se garder occupés,actifs et soirées « Spécial Anecdotes » dont les techs sont si friands. S’il reste du temps pour des visites les fois où la marmaille s’ennuierait, et ben tant mieux !

Les temps changent, la façon de gérer la vieillesse aussi.

On est juste pas immortels et ça, c’est pire que d’accepter l’hiver …

vendredi 10 décembre 2010

Scoop

Au cas où vous ne seriez pas au courant, je vous le dit tout de suite et vous ne passerez pas pour naïf : L’hiver est arrivé !

Tout le monde ne parle que de ça ! Oubliez les histoires d’enveloppes brunes, de vilain Premier Ministre, de chaos en Haïti et de magasinage de Nawel, le Froid est la nouvelle Superstar et son assistante la Neige font la Une partout !

Même les journalistes sérieux en causent et ce, dans les journaux à grand tirage, ici et ! Ça doit être vrai !

J’avais juré ne jamais parler météo sur ce blog parce que c’est une fatalité, on y peut strictement rien à part s’habiller en conséquence ou rester chez soi dans le plus grand refus d’affronter la réalité et méditer sur la jolie expression : « Denial is bliss ». Il y a encore l’immigration qui s’offre aux plus nantis mais entre un Todo Incluido où l’on nous traite en nouveau-né et l’acquisition d’une propriété dans le sud il y a un Grand Canyon de différences que tous ne sont pas prêts à affronter.

On jase à qui mieux mieux de temps qui ralenti, d’entraide dans le poussage de char, de magie de Nawel, de sports d’hiver, de la compréhension des retards, du discernement fait face à un absentéisme imprévu de plusieurs parents devant s’occuper de leur progéniture, l’école étant fermée, de l’indulgence soudaine des gens devant la lenteur des p’tits vieux qui traversent les rues et devant l’effroi des nouveaux arrivants venus de contrées chaudes où il tombe des bombes mais pas de la neige … Tout ça dure environ deux semaines. Après le temps des Fêtes, la grogne s’installe et redevient normalité.

C’est que voyez-vous, je crois ne pas être la seule à subir ce moment de l’année comme une agression en soi. L’air a beau être bon, les 10 pelures minimales et vitales sont lourdes à porter et aggravent les lois de la gravité sur nos corps déjà un peu lourds, les doigts, les orteils et toutes autres extrémités n’ont plus le flux sanguin voulu pour se garder un tant soit peu au chaud, gèlent et font mal. Les propriétaires de voitures ont envie de pleurer et les utilisateurs de métro sont coincés dans les wagons trop petits pour héberger ses passagers soudainement obèses de plumes et de tissus smatts encombrants.

Tous ceux et celles qui ont des enfants savent pertinemment que cette saison sera celle de toutes les mitaines perdues, des heures accumulées d’habillage compliqué et d’envies de pipi une fois l’habit de neige enfin enfilé comme un combat ultime, entre un bras nonchalant et une manche boursouflée, entre un pied mou et une botte rigide et une tuque qui piiiiiiiiiiiiiique !!! Bon, on s’entend, une fois le kit sur le dos, les projets de fort ou de bonhomme de neige font oublier ce mauvais moment à passer. Je vous éviterez les détails glauques sur les microbes qui en profitent pour se ruer sur ceux-ci et qui vous feront découvrir des remèdes variés contre les otites, les rhumes et les bronchites qui attaquent vos chérubins et l’art de les moucher dans votre t-shirt juste avant d’aller travailler …

J’aimerais aussi souligner la tuerie de la Sexyness que l’hiver apporte. C’est tout un exploit que de rester mignons et mignonnes avec un chapeau qui vous écrase le cheveux ou qui vous les rends électriques comme un show New-Wave des années 80, la combine chaude est de loin le truc le plus isolant qui soit mais le moins séduisant du monde et dormir avec des p’tits bas la nuit n’a rien de très érotique. On n’a plus de coup de foudre sur la rue Saint-Denis, on ne se dévisse plus la tête sur une belle paire de cuisse de joggeux et on passe 20 minutes de plus dans les vestiaires de Club pour avoir l’air de quelque chose de montrable une fois investi sur le dance-floor : Ça danse mal en moon-boots !

Dans ma famille on a assurément des ancêtres Caribéens croisés avec du pur et dur Nordique puisque la moitié rêve de beach 6 mois par année et l’autre donne dans la vente de sapins et a créer le plus joli des Marché de Noël au Québec. Reste que pendant ce temps, j’ai la belle pensée Judéo-Chrétienne que rien n’est gratuit, rien n’est tout rose comme un joli bikini et qu’on paie chèrement notre belle vie facile.

Je souhaite tout de même faire faire un Big Up aux parents, aux monitrices et moniteurs de garderies qui habillent-désabillent les kids, aux cols bleus qui ramassent inlassablement la neige, aux prostituées légèrement vêtues dans la nuit, aux bénévoles de la Guignolée, aux propriétaires de chiens devant « y aller » coûte que coûte, à tous mes amis techniciens sur 19-2 qui tournent dehors la nuit, aux ambulanciers qui sauvent des vies les doigts frigorifiés et aux livreurs de touts genres !

Gros scoop guys ! Y fa frette ! Habillez-vous ! Pis invitez moi pas au Chalet ! Merci !

mardi 7 décembre 2010

Cadeau


Gratien Gélinas, un géant aux pieds d'argile - Bande-annonce

Pour ceux et celles qui aiment le théâtre, l'histoire de chez nous et les monsieurs à barbe blanche voici le cadeau tout indiqué en vente dans toutes les bonnes librairies.

La vie de mon Grand-Papouth, sa famille, son travail et sa passion.
Réalisé avec tant de délicatesse par son plus jeune fils, mon tonton chouchou, je vous jure que tout dans cet oeuvre hommage est d'une précision honnête, sans embellissement mais sans oublis non plus.
Il était grand du haut de son 5 pieds 7, il a fait beaucoup pour tous malgré ses absences auprès des siens et rien au monde dans ma vie d'enfant n'a encore égalé ses berceuses de "Poulette griseeeeeeeeuuuuu" chantées avec une voix de bébé dans le creux de mon oreille et celles des cousins-cousines ...

Je m'endormais en riant dans les draps sentant bon la lavande, quoi de mieux ?

samedi 4 décembre 2010

Boot camp caméra



Je sais pas où vous pouvez vous inscrire mais ça risque de faire partie des pré requis sur les shows Américains bien plus vite qu'on le pense ...
Ça doit te pimper un CV un entrainement pareil ...

vendredi 3 décembre 2010

Bonne fête Papouth

Bonne fête Papouth !
Je sais qu'il a du wifi au Paradis, que t'es abbonné à mon blog et que tu regrette de ne pas pouvoir venir jouer dans la cave avec Grand J et moi.
Je sais que tu check les photos du projet sur Facebook.
 
T'aurais 68 ans aujourd'hui.
J'en ouvre une frette à ta santé, je sniffe la sciure de bois qui revole partout ces jours-ci et le bruit de la scie me fais toujours penser à toi.
Y'a même un fond sonore de radio à la journée longue qui m'engourdit au point de faire des petits voyages astraux dans ta shop de Sainte-Émélie ou celle de Beaubien.
 
Le nombre de fois qu'on crie après toi pour que tu nous envoie un peu de ton génie doit commencer à t'agacer dans tes projets d'ébénisterie avec Djizus, entre charpentiers, ça doit clouer fort !
 
On s'ennuie de toi coudonc, tu peux pas nous le reprocher ... Voir si on part à 53 ans !
 
Ton grand rire franc et ta bedaine me manque, nous manque.
 
Un grand criss de trou que tu peux malheureusement pas réparer.
 
Bonne fête Papouth.


Une très belle photo prise par ma Sista