dimanche 12 septembre 2010

Du rêve à la réalité

Dans la tête d’un artiste de la plume se cache des idées, des songes, des rêves éveillés et des mirages. Puis un jour, toutes ces chimères se retrouvent couchées sur un bout de papier ou sur un document Word, prennent forme, se placent en ordre et aboutissent en histoire complète avec un début, un milieu et un dénouement.

Une fois le bébé accouché on peut lui donner l’allure que l’on veut : une chanson, un livre, un documentaire ou un film. Et à moins d’être l’être humain le plus doué en multi-tasking, vous aurez forcément besoin d’autres gens pour amener votre projet à bon port. Même un auteur-compositeur-interprète aura besoin d’un sound-man pour se ploguer rendu au soir du show. Vous me voyez venir avec mes histoires de tournage j’imagine …

Au grand damn de bien des réalisateurs, il est impossible encore à ce jour, de s’auto-cloner pour remplir tous les postes qui ont une raison d’être sur un plateau. Tous les réalisateurs et réalisatrices que j’ai côtoyés en ont rêvé. Imaginez un peu la vitesse à laquelle les journées de tournage débouleraient … Pas besoin de visualiser, d’expliquer, de préciser, tous les clones sauraient déjà ce qu’il y a dans la tête du master-clone et n’auraient qu’à s’exécuter ! Je suis sure que certains producteurs ont déjà des plans avec les Eloïms, voyez vous l’économie poindre vous ???

Là où l’on s’émeut grave, c’est quand une idée de papier prend forme en vrai de vrai. L’essence unique de chaque personne apportant son grain de sel qui fait que le grand Chelem est soudainement content ou surpris du résultat, avec en prime, un truc charmant auquel il n’avait pas pensé. L’unicité de chacun n’étant pas seulement qu’un « empêchage de tourner en rond ». Sachez qu’ultimement, si on tourne une scène au préalable un peu étrange à lire, que le trois quart de l’équipe s’essuie les yeux et se morve dans la manche quand ça crie « Coupé ! », l’apport de chaque département aura fait la différence entre une scène weird et une scène weird ultra touchante !

Il y a aussi, mis à part la lourde tâche de ne pas pouvoir lire dans l’esprit des créateurs, des difficultés connues de tous, soit tourner avec des bébés, des animaux et Miss Météo qui n’en fait qu’à sa tête. Jusqu’à tout récemment, on a été gâtés sur tous ces points. Le jour J est donc arrivé par l’intermédiaire du tournage d’une scène ultra pointue avec un groupe d’humains très particulier, absolument pas habitué aux plateaux de tournage et qui aurait pu virer en méga-bouette le temps d’une nano-seconde. Ce fameux groupe aura vécu durant les deux heures de tournage, le jour le plus excitant de leur drôle de vie et aura par le fait même emplie de joie ceux et celles qui les accompagnait; trois fois plus touchant encore. La maquilleuse se sera retrouvée dans une petite heure de rush à distribuer des mouchoirs aux techniciens remués au plus profond de leurs cœurs et aux acteurs-trices le maquillage rendu aux genoux par tant d’émotion.

L’émoi est passé de la pensée, au papier, à la pellicule et enfin à nos âmes. Sur grand écran, il causera surement un tsunami de sensation mais ce qui s’est passé derrière le kodak ce jour là, y’a que nous qui l’avons vécu, j’suis même pas sure que le gentil monsieur du « making-of » aie attrapé ce bout de ravissement …
Passer du rêve à la réalité avec un peu de musique, de concision et l’âme aux aguets peut faire en sorte qu’un(e) créateur(trice) ponde l’ultime scène de sa carrière, celle dont tout le monde parlera dans longtemps. Je crois qu’on y était !

5 commentaires:

DEMIJOUR a dit…

Je me suis vraiment plantée moi quand j'ai fais mon choix de carrière! J'aimerais tellement être capable de faire un virage à 180 et faire n'importe quoi qui ressemble à ce que tu décris...

(soupir)

La Shirley a dit…

DemiJour, le milieu du cinéma est remplis de drop-out et d'outcast de touts genres ! Fait un essaie l'été prochain en prenant ton cours de Ciné101 à l'AQTIS.On sait pas, peut-être que t'as le droit de changer de vie ... :-)

DEMIJOUR a dit…

à 38 ans, pas de contact n'est-ce pas un peu illusoire?
J'ai toujours pensé que ce domaine relevait que "relations" pour y faire sa place...

La Shirley a dit…

Les plus motivés s'en sortent toujours bien, crois moi !

Paco a dit…

Changer sa vie est coûteux en énergie et en $$, mais essentiel si on se sent s'éteindre. Vaut mieux se battre et être en vie que de baisser les bras et être éteint. La Liberté est LE droit fondamental de notre société.

Shirley, les clônes seraient MALGRÉ TOUT obligés de changer les lumières, costumes, etc. de place si le master clône changeait d'idée... pis ça prendrait le temps que ça prend pareil ;)