dimanche 18 octobre 2009

Au pays de Candy


Quelqu'un peut me dire ?

Je fais quoi moi une fois que j’ai fini la lecture des journaux ?
Je vais où une fois le lot de nouvelles à la télé passé ?
Après avoir vu et écouter les causes de tous ceux qui souffrent, que puis-je faire ?
On s’attend à quoi de ma personne une fois que je sais le millième des horreurs qui se déroulent dans les pays pas comme le mien ?

Moi la choyée, qu’est-ce que je peux faire devant une vidéo de jeune fille battue à mort par ses pairs pour avoir osé aimer ?

L’ours polaire sur sa banquise devenue glaçon de drink, je l’aide comment ?

L’enfant qui a les pieds usés et l’âme en compote d’avoir trop marché et d’avoir appris comment démonter une Kalachnikov en 14 secondes plutôt que d’écrire et compter, plutôt de jouer au ballon, je fais comment pour le sortir de là ?

Le sida qui gruge des populations complètes, je l’arrête par où ?

La misère des femmes, la rage des hommes, l’exploitation des enfants, l’abattement des aidants, la frigidité des tout-puissants, la faiblesse des hargneux, l’aigre-douceurs des mourants, la vie, la mort, eux, nous … Je fais quoi câliss ????????

Parce qu’on me demande mon avis, on sollicite mon aide, on veux mes dons, on me demande mon appui, on me veut consciente et impliquée, on espère que j’adhère et que je combattrai, on souhaite me voir aux premières lignes du combat, moi, ma voix, ma pancarte, mon carnet de chèque et ma virulence.

Je voudrais bien, mais franchement y’a de ces jours ou y’en a marre.
Je peux me l’arracher ma voix, elle restera muette aux oreilles de ceux qui runnent le show.
Je peux vider mon compte de banque pour filer moins cheap, le flouze il va pas dans les bonnes poches.
Je peux bourrer les boites vocales-mailing-facebook et compagnie de vidéos et de causes auxquelles se joindre pour le mieux-être de tous, ça ne donne strictement rien si ce n’est que de faire comme si on y était … une info-pub de la marde ambiante, juste assez pour te faire sourciller mais sans les odeurs, le party sans le ménage qui suit.

Je peux signer toutes les pétitions et encourager ceux qui crient plus fort que je ne crierai jamais même si celles-ci finissent toutes avec le même sort, soit un ticket pour une visite guidée de la cause sans possibilité d’y faire apport réel …

J’ai gagné la loto à la naissance, je suis née ici, en santé, dans une famille parfaites de ses imperfections, avec une destinée incertaine mais duveteuse et confortable.
Mes maux ne sont rien, mes angoisses grossières, mes ennuis vulgaires si je me compare avec ce que la terre porte en son sein et même si j’y mettais toutes mes énergies comme on me le demande hypocritement, je sais pertinemment que le seul aide que je puis apporter est à proximité, il n’est à son meilleur que quand c’est moi et moi seule qui peut l’apporter, rarement plus loin qu’à 4 rues de chez moi …
Encourager bien sur mais me faire sentir coupable de ma vie, de ma chance , non, plus maintenant.
Je ne serais pas une « touriste de la misère » comme ELLE l’a si bien dit dans son roman fabuleux. Je ne vivrais pas au pays de Candy ...

L’impuissance ne me dévorera pas vivante, elle me poussera par contre à choisir mes batailles et à y aller moi-même parce que je ne peux pas regarder les autres faire le sal boulot et ne pas m’y mettre un peu aussi … Samuraï de fin de semaine, mais Samuraï quand même.

J'irai où je peux, comme par le passé, aider et si j'ai envie de douceur et de couleurs d'arc-en-ciel, je pigerai à grosses poignées dedans pour faire honneur à ma veine et ma fortune.

5 commentaires:

Gaudie a dit…

être disponible au moment même où on nous demande de l'aide, voir la misère qui rôde autour de nous et l'atténuer du mieux qu'on peut, partager ce qu'on a de meilleur sans aucun regret, sourire à l'indigent, acheter l'itinéraire à 5$ plutôt qu'à 2$ (le 3$ c'est pour un bon café), faire un beau gros panier de Noël avec des bons produits, pas des restants de garde-manger!...donner plutôt que vendre, et mettre de coté toutes les rancunes qui empoisonne la vie.

Anonyme a dit…

C'est le fondement du bouddhisme, je crois, de changer le monde en commençant par se changer soi, de faire du bien dans le monde en commençant autour de soi.

Ceci dit, un petit don par ci par là à une association en laquelle tu as raisonnablement confiance, ça ne fait pas de mal. (tiens, c'est les 30 ans d'Action contre la faim...).

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laccroc a dit…

Juste en le réalisant, et en parlant de ce qui est une montagne de detresse pour chacun d'entre nous, en parler ici et en être conscient est déja beaucoup plus que la majoritée des humains. Non rien ne va changer, mais ne pas l'accepter est déja un pas, si petit soit-il. La douleur qui meurtris certains n'est que le reflet de la consommation des autres. Une fois en marche, impossible de l'arrêter. Tout ce qui bouge n'arrêtera jamais, une fois en mouvement cela ne fera que prendre de la vitesse, c'est exactement ce qui se passe sur terre présentement, toute les grandes compagnies baisse leurs coûts de production pour augmenter le profit. C'est dommage mais rien ne les arrêteras. Peu encore le réalise, peut-être avec le temps et la conscience global, un jour cela changera.

Excellent billet, le réaliser est déjà une partie de la solution.

Au plaisir.

devis a dit…

Merci pour cet article

Paco a dit…

On progresse pareil, mine de rien... ça va mieux qu'il y a 500 ans! ... et la vie a plus d'allure ici que dans bien des pays. On a le "bio", le "éthique", on ne va pas en prison parce qu'on chiâle contre les politiciens dans les médias, etc. Faut pas se décourager et faut commencer par soi-même...