lundi 21 mars 2011

Un jour peut-être …

Peut-être ouais …
Peut-être que je comprendrai comment l’on peut faire des films avec le même genre d’histoire, le même montant au budget, les mêmes situations atmosphériques et les mêmes contraintes et le même nombre d’artisans sans pour autant avoir les mêmes résultats et au tournage et au produit fini.

Je l’avais déjà expliqué un peu plus tôt, je considère qu’en 27 ans de carrière dans le département des costumes, en passant de décrotteuse de bottines d’époques en chiffre de nuit dans un atelier jadis reconnu à Chef habilleuse sur de la grosse production Queb ou Amaricaines, j’ai travaillé sur ce que j’appelle un film parfait seulement 5 fois.

Un film parfait se décrit comme suit :
1ere étape, la lecture du scénario qui donne juste envie que le tournage commence.
2ieme étape, le tournage où Miss Nature est de ton bord, l’équipe est géniale, les acteurs sont bons et adorables, le big Boss est créatif et apprécie les capacités de ses collabos, le craft est bon, le wrap party réussi.
3ieme étape, produit fini à l’écran dans un cinéma près de chez moi qui me remplit de joie et de fierté et qui a un succès bien mérité. Voilà .
Il va sans dire que c’est rare qu’un tel miracle se produise.

 Par contre, sur les tournages où on a une note de 2 sur 3 ou même, sans trop grincer des dents, un maigre 1 sur 3, il est possible d’en garder de bons souvenirs et se gargariser d’anecdotiques aventures cocasses ou se moquer tendrement de ceux ou celles qui ont vécu des trucs louches … bref, on peut passer à travers si quelques éléments encourageants nous soutiennent le moral sans pour autant travailler sur de la matière à Oscar. On fait quand même ce que l’on aime.

Reste que le mystère persiste quand tout semble être en place pour vivre enfin un tournage idyllique et que tout se met à virer en bouette, que les cacas frappent les ventilos de plein fouets et que le pire de chacun des employés ressort de façon magistrale. Engueulades, prises de becs, orgueils sauvagement froissés, menaces de départ, larmes et chicanes, claquage de portes, fatigue extrême et patience à ras la moquette … il y a de ces tournages qui s’annonçaient musclés mais pas catastrophiques et qui le deviennent.

Que s’est-il passé ? Est-ce la faute d’une seule personne ? Qui devrait donner un coup de poing sur la table et crier que ça suffit ? Qui devrait porter les culottes ? Une fois que l’humain n’est plus en cause et que c’est la faute du manque d’argent, peut-on réellement s’adapter et continuer d’être génial tout en restant fidèle à l’idée mère du scénario ? Il y a des irritants identifiables mais sont-ils les seules causes de tous les malheurs d’un plateau en mode « cluster-fuck-perpétuel » ? L’équipe au complet aura déjà travaillé ensemble sur des chef-d’œuvres où l’ouvrage se faisait sans anicroches ni crêpage de chignons, allez comprendre pourquoi sur certains films cette même équipe a l’impression de tout faire de travers …

Faut juste pas que ceux qui s’aiment tout plein finissent par s’haïr, que le respect continue de flotter comme un fumet de filet de porc dans une cabane à sucre et que le wrap party soit un succès fulgurant où tout le monde se disent qu’ils s’aiment un fois bien intoxiqués et que les films cool restent gravés dans les mémoires plus longtemps que les films foireux et leurs déconvenues.

Il y a une tendance lourde qui pointe du doigt les réalisateurs-trices et les producteurs qui sont en fait des capitaines de bateaux ou des chefs d'escadrons, comme vous voulez. J'ai une croyance plus acrue face au  manque de chimie au sein d'un groupe mais allez savoir .

Un jour peut-être, quelqu’un de wise m’expliquera …

2 commentaires:

Unknown a dit…

Amen sista.

J'ai toujours été curieux de voir comment ça se passait de votre côté, dans les tournages.

Anonyme a dit…

J'oserais dire que votre questionnement vaut pour tous les genres de projets, incluant ceux qui n'ont rien à voir avec l'art.

Les gens qui sont derrières ces projets y sont certainement pour quelque chose. Les acteurs (au sens large) dont vous faites partie, jouent aussi un rôle prépondérant.

Accent Grave