lundi 22 novembre 2010

Offrir

Pour vrai, sans blague, j’ai la tête dure. Pas le cœur, non je ne crois pas, mais la tête, oh la la, la tête … Je n’en fais qu’à elle ! N’en déplaise à qui que ce soit. Ma plus grande réussite après mon Mister Fiss c’est d’avoir appris ça, toute seule.

J’aurai du me rebeller toute ma jeunesse et ce, en douceur, me débattre à mes début de vie de jeune femme avec un peu plus de rage et à peu près à ce moment –ci, j’ai comme le vague sentiment que c’est acquis, comme un aura de petite bravoure, un voile léger d’audace, ma douce fragrance d’hardiesse qui me suit partout où j’ose aller.

Oser mettre des mots sur des impressions, les dire tout haut, faire le contraire des autres si j’en ai envie, dire NON des fois, dire OUI souvent, rire dans les pires instances, pleurer pour rien et surtout faire des cadeaux aux moments les plus inopportuns à ceux et celles qui ne s’y attendaient pas. Oh le gros bonheur sal !

J’en ai des centaines d’exemples !

Pourquoi se laisser attendrir dans le temps des fêtes pour faire des dons ? Pourquoi ne pas aller donner vos restants de beaux tissus clinquants et vos vieux chapeaux vintage chez Cabarets Mado à deux heures du matin juste parce que vous savez que ça va faire douze Drag Queen heureuses ?

Avez-vous déjà penser à prendre les deux enfants de votre chum de fille pour qu’elle puisse passer du temps de qualité avec son chum, enfin baiser dans le salon les lumières allumées et pouvoir crier très fort si elle en a envie ? Dormir DEUX matins très tard back à back ? Sur un petit bout de papier anodin, écrire ceci : « Moi, Shirley Première du Québec, vous offre en ce merveilleux 14 Septembre, une fin de semaine sans enfants. » Excitations et sautillements garantis. Bien plus qu’une auuuuuutre bouteille de vin.

Justement parlant d’enfants, quand ils naissent, juste après la marée noire de cadeaux de Baby Shower, je passe prendre le nouveau-né dans mes bras, je fais comme les Maraines-Fées de la Belle au bois dormant et je fais trois vœux sur leur tête en en profitant pour leur voler une sniff dans leur petit cou de poulet qui sentent le pain chaud, j’offre un petit cadeau girly à la mère pour qu’elle se souvienne qu’elle est encore un beau petit brin de fille et une bouteille de champagne pour le chum, histoire qu’il saoule sa blonde et se fasse une soirée d’amoureux torride. Une petite tradition que je me suis donnée.

Pourquoi ne pas célébrer la peine d’amour d’un ami ? On l’aimait pas ton chum/ ta blonde anyway ! Festoyons !!! Pour les cœurs endoloris, je mets dans un joli sac, des mouchoirs de marque Puff qui n’irrite pas le nez, un livre de jokes, du chocolat, un bâtonnet anti poche sous les yeux de Vichy, un toutou très duveteux et du fort pour oublier et un flacon de millepertuis, antidépressif naturel qui empêche de sombrer trop profondément dans la tristesse. Rien ne vous empêche d’y mettre du vôtre, un film de Louis Defunes ou La soupe au chou, un site de bruits de pets en raccourci sur son desk de laptop …

J’ai une envie grave de payer le cours à distance de secondaire 5 du gentil helper de notre charpentier, pas que j’ai de l’argent jusqu’au plafond, oh que non, les rénos coûtent le double de ce que j’avais prévu, mais au moins, avec son ti papier en poche, il aura l’avenir tout ouvert devant lui, comment ne pas être émue ? Tant qu’à donner un certificat-cadeau H&M pis empiler du linge lette …

Zamouri fait dans le même topo, il se-te fait un cadeau. Ne trouvant pas de grimpeur de sa taille et son poids, il a très envie de payer une accréditation à un nouveau pote fraichement arrivé du Mexique avec son accent au pili-pili qui arrive tant bien que mal à joindre les deux bouts à la fin de chaque mois. Il serait content je crois …

J’ai déjà déclaré mon amour pour un homme au grand péril de ma vie en plein mois de Février, armée de ma Makita, de deux planches de bois, d’une banderole de 25 pieds de long par 4 pieds de large qui disait JE T’AIME FANFOU que j’ai posée sur le toit de la bâtisse d’en face, tout verglaçant et pas très facile à escalader pour qu’il la voit en sortant de chez lui le lendemain matin. Non ce n’était pas sa fête ! Non ce n’était pas la Saint-Valentin. Nous étions juste dans un concours informulé de Qui-donnera-la-plus-belle-preuve-d’amour transformé en défis carrément personnels sur la créativité et l’art de la surprise. Il a gagné avec ses poèmes épinglés sur ma corde à linge et des roses cachées dans un pain apporté pour un snack ordinaire de Lundi soir …

J’ai dans ma manche une « date » avec une presqu’inconnue que j’affectionne par le billet de ses mots, pour une pédicure-manucure d’avant les fêtes, histoire d’enfin l’avoir pour moi toute seule un après-midi et pouvoir la connaître juste un tout petit petit peu plus. Juste comme ça. Pas d’occasion à célébrer. Juste offrir du temps et de la joie dans l’absolue de la non nécessité de l'ongle parfaitement rouge. Call me stalker, i don’t care ! She wants to !!!

Promettre une toune par semaine sur une page Facebook à un jeune qui s’est cassé le cou en plongeant et qui ne peut plus bouger, moi ça me fait du bien, lui il est content.

M’occuper d’un jeune Haïtien qui n’a pas sa famille ici sauf son petit frère dont il prend soin, en quêtant de l’argent à gauche à droite à tous mes amis et proches pour ses études au Cégep, en lui faisant de bons soupers, en remplissant son sac d’école de papiers et de crayons et en étant toujours là comme une vieille matante pas trop achalante, c’est offrir ce que je peux, à qui je veux en voyant bien le vrai plaisir que ça procure. Fuck les cravates ! Fuck le t-shirt In ! Je fais du poulet braisé ! Même pas besoin d’emballage et on se le fait le Mercredi de n’importe quand !

J’adore les cadeaux qui sortent de nowhere, à une date quelconque, ou encore mieux, donner un cadeau très très en retard, c’est du plus bel effet !
Et surtout renier les cadeaux de Noël parce que c’est une tyrannie !!!
À bas la tyrannie ! Au Glam citoyens !

2 commentaires:

Gaudie a dit…

Vive les jours de semaine, vive les mois où y a pas d'évènements, vive la spontanéité du moment présent, vive les surprises, offront un peu, beaucoup, moins, peu importe c'est le geste qui compte.

KHORE a dit…

t'es belle Shirley...ton billet c't'un soleil. Merci :-)