1999, mon Mister fils a 9 ans et vit sa quatrième année
d’école comme un long chemin de croix. La seule chose qui le réjouit c’est les
arts plastiques. Non … deux choses ! Il y a tout ce qui s’appelle activités
parascolaires aussi ! Une en particulier fut mémorable. La confection de
biscuits à vendre dans le but de ramasser des fonds pour une fin de
semaine à Québec qui se déroulerait comme suit : visite du Parlement et
activités hivernales dans une Base de plein air non loin de la Capitale.
La confection de biscuits ? No problemo, Tiku et moi sommes
passés maitres dans l’art de la biscuiterie à la chaine et comme c’est l’hiver,
j’ai plein de temps puisqu’au chômage pour aller aider à la vente des petites
douceurs qui gonfleront les coffres pour l’aventure en vue. Allez hop, trop
facile , on s’y met ! Ce que nous fîmes avec succès, en plus de vendre la
totalité de notre butin à fort prix dans le but d’aider un peu ceux et celles
dont les parents ne participaient pas et qui se mourraient d’aller faire la
visite-activité-congé de parents eux aussi ! Un beau pot-luck communiste !
Une fois les cookies cuisinés, vendus et mangés, les
bénéfices entassés dans un compte de banque, fallait bien y arriver, le jour J
se pointait plutôt vite. Par un bel après-midi, tous les parents ont reçu une
note de la charmante Julie, prof de 4ème année, qui demandait si
certains d’entre nous seraient willing de faire du bénévolat durant l’escapade
de 2 jours. Moi, Shirley Première du Québec, complètement ravie, cria à qui
voulait bien l’entendre que j’irais avec plaisir, signa le dit papier et
faisait une ronde gaillarde dans la cuisine avec mon Tiku qui ne savait pas
exactement si il était content ou pas … Sa mère n’est pas tellement comme les
autres, aillait-t-elle lui faire honte ?
Pouvais-t-on lire dans ses yeux pleins d’incertitude.
La nouvelle est tombée comme un couperet aiguisé sur
l’enthousiasme de la belle Julie : J’étais le seul parent à avoir répondu
par l’affirmative ! Deux classes de 35 Tikus chaque, 2 profs à la tête d’un troupeau
de gnous affolés et surexcités lâchés lousses dans les rues pavées du vieux Québec,
dans la cafétéria du camp de vacances et dans la plaine enneigée de celui-ci !
Elle était complètement traumatisée !!! Que va-t-il advenir de nous, pauvres
professeurs sans défense et sans autorité devant ces clowns en liberté ? C’est
ben cute qu’il y ait des moniteurs pour les activités mais rendus au soir, les
ablutions de 70 morveux en vacance, la coordinations des chambres, des dodos,
la remise à l’ordre de ceux et celles qui vont jaser toute la nuit déranger les
plus calmes, ceux qui freake parce que c’est leur première sortie, les
somnambules, les chicanes, l’autre qui fait de l’énurésie nocturne, celui qui a
oublié son ritalin et qui saute partout,
ma foi, on s’en sortira pas !!! C’était mal connaitre l’Arché-Clown en Chef que
j’ai surement été dans une vie antérieure, ça ou Colonel Américain de la Première Guerre Mondiale,
faudrait voir avec une tireuse de cartes … À trois, on devrait y arriver ! ON
VA Y ARRIVER !
Tout a commencé le matin du départ, je dis tout parce que l’hyper
actif TDA avec agressivité avait oublié son rithalin, le suspens était à son
paroxysme à 7 heure am, une fois partis avec un lot de bagage comme si on s’en
allait escalader le mont Everest pour 6 mois, le groupe duquel je faisais
partie avait déjà commencer à se sur-crinquer et c’est là que mon butin de
chansons idiotes a fait la job mais il y a une fin à tout et on allait pas
recommencer à chanter Trois p’tits chats 25 fois en ligne, les tannants se sont
tanné d’être sage et quand j’en ai chicanné un, il a vite dit à son pote à
côté, en Créole, « Map chiré elle man ! » C’était ne pas me connaitre
que de parler dans la langue de Wyclef en pensant que je n’y pigeait rien ! Je
lui ai répondu :-« Se mwen menm ki pral chire ou apa
si ou kenbe t'ap rele byen fò
!!!! » La nouvelle a fait le tour
du bus en 4 nano-secondes : La Maman d’Émile elle parle créole yo !!! Bref
… le statuquo était en place, on ne déconnait pas avec la Shirley !
En gros, j’ai fait le chien de troupeau,
accompagné à l'hopital un ti-énervé qui s’est planté la face dans un poteau en courant dans
la rue, fait taire les indisciplinés dans le Parlement, mouché des nezs,
accompagnés aux toilettes, commandé des lunchs, fait des jokes niaiseuses,
repousser les troupes dans le bus pour s’en aller au camp de vacance, aidé à
enfiler des raquettes aux petites Vietnamiennes, mis des skis, prêté mes
mitaines à ceux qui n’en avait pas, pris des photos, distribué des jus, des
petits pains chauds, ris allègrement des vantards, aider les « rejects »
, flatter le dos des deux profs complètement dépassées, coordonnées les
toilettes des filles, fait des nattes, démêlé des cheveux en fin de bataille
avec des tuques, calmé les inquiets, rabroué les insupportables, dormi dans un
lit trop petit pour moi, ramené les somnambules dans leurs lits, jappé des
ordres militaires au petit matin venu, aidé au ré-empaquetage des valises,
hurler de rire avec les moniteurs et donner un coup de pouce au chauffeur d’autobus
qui n’en revenait pas du montant de baluchons.
Retour au bercail après une ride qui
ressemblait plus à une fin de tournée de Rock Star, un nombre incalculable de
petites bêtes endormies la bouche ouverte, qui oublient l’espace d’un instant d’être cool parce que la nuit fut trop agitée, un
débarquement en ville auprès d’une cohorte de parents inquiets mais qui malgré
tout, en ont profité aussi, un dispatch final des pack-sac et enfin , un retour
à la réalité bien mérité. J’ai fait de grandes accolades aux deux maitresses d’école
qui n’ont fait que me remercier en essayant d’inventer des nouveaux
quantitatifs à mettre à côté du mot MERCI. J’en ai profité pour récupérer le
mien de rejeton qui me regardait d’un air contrit puisqu’on ne s’était presque
pas vu, lui étant avec l’autre groupe, c’était surement mieux comme ça … On a
quand même fait le tour de nos anecdotes une fois attablés devant un bon souper
chez nous. Les parents du petit défiguré m’ont téléphoné pour me bénir d’avoir
pris soins de leur morveux et m’ont envoyé une bouteille de vin, y’a encore du
monde qui savent vivre que je me suis dit !
Une semaine plus tard, je reçois un téléphone
de la prof Julie qui me demande de passer en classe dès que je le peux. Le jour
même j’avais un trou dans mon agenda de chômeuse et je me suis pointée là sans
savoir ce qui m’attendait. Les élèves des deux classes avaient fait une carte
géante avec pleins de petits mots et de bricolages charmants pour me remercier
d’avoir été là avec et pour eux. J’ai braillé comme une Madeleine, l’ai serrée
contre mon cœur, je les ai tous bizoutés et depuis ce jour, à chaque grand
ménage où je jette mes souvenirs de papiers dans la récup, la carte risque de
prendre le bord. Un peu avant le premier Mars, jour de déménagement dans ce
qu’on appelle dorénavant la Maison Blanche (une tite fille de 4 ans qui me l’a
sortie celle-là), j’ai mis la carte dans mon grand bac vert. Ça suffisait le ramassis
de cossins inutiles ! Le 1er Mars de l’An de grâce 2012 à 6.30 hr
am, je me suis garochée dans la rue et j’ai repris mon bien ! IN-CA-PA-BLE de
laisser cette montagne d’amour-là dans les rebus !
Elle dort doucement dans une de mes milliers
de boîtes de rangement en me ramenant toujours à la loi # 1 de la vie : Un
cœur d’enfant c’est gros comme ça et c’est de ça que mes souvenirs hivernaux
sont parfumés !
3 commentaires:
C'est bon de nous ramener à l'ABC de la Vie. C'est bon aussid e savoir qu'il y a des gens comme vous pour compenser l'immobilisme des autres parents que nous sommes!
Cette sorte restera dans la mémoire de plusieurs enfants, chacun ayant vécu quelque chose d'unique, tout comme vous!
Grand-Langue
Y'a des mots qui sont dit, et y'en a qu'on dira jamais assez.
Ca fait longtemps qu un de tes blogues m a fait rire autanr. Bravo shirley! Glad you re back!
Enregistrer un commentaire